8/5/16

Le théâtre médiéval, le tragique et le comique : réflexions sur la définition des genres Élisabeth L ALOU

Le théâtre médiéval, le tragique et le comique : réflexions sur la
définition des genres
Élisabeth L ALOU
Université de Rouen
GRHIS
Avant de regarder comment tragique et comique s’articulent, se « lient » dans le
théâtre médiéval, il convient de définir les deux termes proposés par le titre du colloque.
En effet « tragédie » et « comédie » sont des mots étrangers au théâtre médiéval. On
distingue depuis la fin du XIX e siècle un théâtre religieux et un théâtre profane 1 . Le
tragique et le comique sont, il est vrai, d’autres mots. Mais si le comique est bien
présent dans le théâtre médiéval, le tragique demande une explication.
Dans le théâtre profane et comique – tel est le titre du livre de Jean-Claude
Aubailly en 1975 – on distingue d’ordinaire trois grands genres : les farces et les sotties,
mais aussi les moralités 2 .
Farces et sotties sont jouées pour faire rire. Charles Mazouer, dans son Théâtre
français du Moyen Âge 3 , intitule le chapitre concernant ce théâtre « la floraison du
théâtre du rire au XV e siècle ». Mais le mot de « comédie » n’est pas utilisé. Seule La
Farce de maître Pathelin passe parfois pour être la première comédie 4 .
Le théâtre comique ou profane est facile à identifier. Bernadette Rey-Flaud a rédigé
un livre entier dans lequel elle s’interroge sur ce qu’était une farce médiévale : « la farce
ou la machine à rire 5 ». Bernadette Rey-Flaud a essayé d’identifier le ressort du rire
dans les farces. Son souci était aussi de savoir quels textes considérer comme de
véritables farces et d’inclure ou exclure dans le genre à l’aide d’analyses presque
mathématiques tel ou tel texte. On ignore même comment il faut entendre le mot
« farce » (faut-il trouver l’étymologie dans « farcir » ? ou « farcer » ?).
Les sotties comme les monologues ou les sermons joyeux sont plus nettement
satiriques. Les sotties ont été éditées dans la collection des Anciens textes français par
Émile Picot en 1902-1912 6 Il mêle dans ces volumes des textes intitulés « farces » où
jouent des fous ou des sots et d’autres intitulés « sotties ». Marie Bouhaïk a décrypté
1
Jean-Claude Aubailly, Le Théâtre médiéval profane et comique Paris, Larousse, 1975.
Jean-Claude Aubailly, Le monologue, le dialogue et la sottie. Essai sur quelques genres dramatiques de
la fin du Moyen Âge et du début du XVI e siècle, Paris, Honoré Champion, 1976.
3
Charles Mazouer, Le Théâtre français du Moyen Âge, Paris, Sedes, 1998.
4
Michel Rousse, « Pathelin est notre première comédie » dans Mélanges de langue et littérature
médiévales offerts à Pierre Le Gentil, Paris, 1973, p. 753-758.
5
Bernadette Rey-Flaud. La Farce ou la Machine à rire. Théorie d’un genre dramatique (1450-1550).
Genève, Droz, coll. « Publications Romanes et Françaises », 1984.
6
Emile Picot, Recueil général des soties, Paris, 1902-1912. (Société des anciens textes français).
_____________________________________________________________________________________
Tragique et comique liées, dans le théâtre, de l’Antiquité à nos jours (du texte à la mise en scène), actes
du colloque organisé à l’Université de Rouen en avril 2012, publiés par Milagros Torres (É RIAC ) et
Ariane Ferry (C ÉRÉ d I ), avec la collaboration de Sofía Moncó Taracena et Daniel Lecler.
(c) Publications numériques du C ÉRÉ d I , « Actes de colloques et journées d’étude (ISSN 1775-4054) »,
n° 7, 2012.
22
ÉLISABETH L ALOU
d’ailleurs ce qu’elle appelle la « construction d’un genre 7 ». Les moralités sont à la
frontière entre théâtre « sérieux » et théâtre profane ou comique. Les trois genres
– farces sotties et moralités – ont connu leur plus important développement aux XV e et
e
XVI siècles.
Les moralités proposent au spectateur une explication allégorique du monde et bien
que profanes, elles ne sont pas forcément du ressort du comique. La volonté des
historiens du théâtre a toujours été de cataloguer ces pièces dans des genres, ce qui est
voué à l’échec car les frontières sont mouvantes : c’est même peut-être ce qui définit ces
textes et il n’est pas toujours facile de distinguer entre farce et moralité, farce et sottie
etc. Plus important pour définir ces différents types de théâtre comique est l’expression
« par personnages » qui indique à mon sens la véritable appartenance de ces textes à la
« performance », mot utilisé aujourd’hui pour identifier le théâtre.
Le théâtre comique existe aussi avant le dernier siècle du Moyen Âge. Je ne citerai
que le Jeu de Robin et Marion et le Jeu de la feuillée d’Adam de la Halle, dit le bossu 8 .
Ce théâtre profane est d’une grande richesse et propose tous les ressorts du comique.
On oppose traditionnellement le théâtre profane au théâtre religieux On parle face
au théâtre profane de théâtre religieux. Nous avons conservé bon nombre de miracles
joués au XVI e siècle dont 40 miracles de la Vierge « mis par personnages » ; des
mystères hagiographiques dont un certain nombre s’est perdu et des mystères de la
Passion dont trois grands auteurs se dégagent – Eustache Mercadé d’Arras, Arnoul
Greban de Paris et Jean Michel dont la Passion fut jouée à Angers. Tous ces textes ne
sont pas des tragédies et le propos n’est pas tragique, le but du mystère étant d’annoncer
la rédemption humaine par la venue du Christ. À l’issue du procès de Paradis, après une
discussion entre les vertus et Dieu sur le devenir de l’homme, la sentence est en effet la
rédemption de l’homme par la Passion du Christ. Cet épisode apparaît et fut joué en
« prologue » des mystères de la Passion.
Le tragique existe pourtant bien. Certains passages reconnaissent le destin tragique
de l’homme pêcheur (ou celui des païens voués à l’enfer). D’autres montrent l’angoisse
des hommes devant la mort et la tristesse qu’ils peuvent ressentir face à la disparition
des leurs.
Le premier texte en français, qui appartient au théâtre religieux, au XII e siècle, le
Jeu d’Adam, représente « par personnages » le péché originel. Dans cet ordo
representationis Ade, la destinée de tous les hommes, – Adam et Ève, chassés du
paradis, Caïn et Abel, leur progéniture – est d’être emportés en Enfer par les diables. Ce
jeu se situe avant l’invention du purgatoire, et même si Jésus Christ est descendu aux
limbes et en a ramené les prophètes et les personnages jadis « au sein d’Abraham », la
rédemption de l’homme pécheur n’est qu’évoquée et la venue du Christ paraît fort
lointaine face aux personnages de diables qui emportent les personnages en Enfer.
On trouve dans ce jeu les premières lamentations du théâtre médiéval, celles
d’Adam :
Allas ! pecchor, que ai jo fait ?
Or sui mort sanz nul retrait.
Senz nul rescus sui jo mort
7
Marie Bouhaïk-Girones « Le recueil général des sotties d’Emile Picot ou la construction d’un genre
dramatique » dans Les pères du théâtre médiéval, Examen critique de la construction d’un savoir
académique, éd. M. Bouhaik-Girones, V. Dominguez, J. Koopmans. Rennes, 2010.
8
Adam de la Halle, Œuvres complètes, éd. Pierre-Yves Badel, Paris, 1995, Le Livre de Poche,
coll. « Lettres gothiques ».3
L E THÉÂTRE MÉDIÉVAL , LE TRAGIQUE ET LE COMIQUE
Tant est chaite mal ma sort !
Mal m’est changé ma venture :
Mult fu ja bone, or est mult dore.
Hélas ! pêcheur qu’ai-je fait ?
Je suis mort pour avoir forfait.
Sans nul remède je suis mort
Tan je suis déchu de mon sort !
Comme a changé ma destinée,
9
Naguère encore si fortunée .
Ces lamentations sont du ressort du tragique, ou tout au moins elles sont destinées à
émouvoir les spectateurs.
C’est dans ce type de situation qu’il faut chercher le tragique dans les pièces du
théâtre religieux. Le Miracle de Théophile de Rutebeuf 10 – miracle du XIII e siècle dans
lequel le clerc Théophile donne son âme au diable mais est sauvé après s’en être repenti
par l’intervention de la Vierge Marie, et qui peut passer pour un des premiers miracles
de Notre Dame – met en scène Théophile désespéré d’avoir donné son âme au diable. Il
se lamente une première fois avant même d’avoir donné la charte à Satan, puis très
longuement (12 quatrains) plusieurs années après avant de demander l’aide de la
Vierge. Théophile qui est venu voir Salatin « qui parloit au diable quant il voloit » se
lamente :
Ha ! Laz, que porrai devenir ?
Bien me doit li cors dessenir
Quant il m’estuet a ce venir.
Que ferai, las ?
Se je reni saint Nicholas
Et saint Jehan et saint Thomas
Et Nostre Dame,
Que fera ma chetive d’ame
Elle sera arse en la flame
D’Enfer le noir.
La me covendra remanoir.
Ci avra trop hideus manoir,
Ce n’est pas fable. (v. 101-113)
Théophile, malgré la peur atroce qu’il ressent devant le diable, donne la charte.
Plusieurs années se passent avant que Théophile se repente :
Hé ! las, chetis, dolenz, que porrai devenir ?
Terre, comment me pués porter ne soustenir
Quant j’ai Dieu renoié et celui voil tenir
A segnor et a mestre qui toz maus fet venir ? (premier quatrain, v. 384-387)
Ensuite il prie la Vierge, qui refuse d’abord de l’entendre, puis va arracher la charte
au diable et lui piétine la panse du diable.
Les lamentations de la Vierge au pied de la croix appartiennent au même ressort du
tragique. Les lamentations de Notre Dame dans Le mystère de la Passion d’Angers de
9
Le Jeu d’Adam Ordo representiationis Ade, éd. Henri Chamard, Paris, Armand Colin, 1925, v. 315-320.
Le mystère d’Adam (Ordo representacionis Ade) ; éd. Paul Aebischer, Genève, Droz, 1964. Aussi traduit
dans Alfred Jeanroy, Le théâtre religieux en France du onzième siècle au treizième siècle, Paris, E. de
Boccard, 1964. p. 53. Voir aussi Thierry Revol, Représentations du sacré dans les textes dramatiques des
XI e -XIII e siècles, Paris, Honoré Champion, 1999.
10
Le miracle de Théophile Miracle du XIII e siècle de Rutebeuf, éd. Grace Frank, Paris, Honoré
Champion, 1975.4
ÉLISABETH L ALOU
Jean Michel 11 (1486) sont particulièrement bien venues, comme d’ailleurs l’ensemble
de la pièce.
Voici un fragment de ces lamentations 12 .
Nostre Dame
Mere sans consolacion,
Des dolentes la plus piteuse,
O mort dolente et rigoreuse,
Regarde le dueil ou je suis.
Je te reclame et tu me fuys ;
Mort, comme peulx-tu consentir
Mon cuer telle angoisse sentir
Que ne l’abas et desconfis ?
Mon Dieu, mon saulveur et mon filz,
Vecy l’eure de ton trespas.
Helas, he, ne me laisse pas,
Qui pour toy tant gemis et pleure !
Et me souffist que avec toy meure ;
Tout bien auray quant je mourray
Et, quant sans toy cy demourray,
Ce me sera mort plus que dure.
Jesus
O Pater in manus tuas
Commando spiritum meum [...]
Ces deux exemples appartiennent au genre du planctus lié depuis longtemps à la
musique ; or c’est le propre du théâtre médiéval de lier intimement musique et parole.
Ce genre existe depuis longtemps indépendamment du théâtre 13 .
Après ces quelques exemples de théâtre profane et religieux et de la présence du
tragique dans le théâtre religieux, nous pouvons nous tourner vers la problématique de
ce colloque. Quel lien y-a-t-il entre comique et tragique dans ce théâtre ?
Nous avons évoqué le scénario du Miracle de Théophile, pièce profondément
angoissée, et pourtant le comique n’est pas très éloigné : la Vierge piétine la panse du
diable et les mimiques de celui-ci prêtaient peut-être à rire, en même temps que le
public éprouvait du soulagement à voir Théophile – Faust médiéval – sorti des griffes
du diable.
En réalité le théâtre médiéval présente un mélange presque ontologique du tragique
et du comique. Charles Mazouer 14 dit ainsi qu’il faut « se débarrasser de la dichotomie
qui hante notre culture théâtrale depuis la Renaissance, celle du tragique et du comique.
Ces catégories sont grecques ; elles ne sont ni bibliques ni chrétiennes. Ce n’est qu’à
partir de la Renaissance que le théâtre occidental se pensera en opposant à nouveau des
pièces tragiques et des pièces comiques ».
D’abord, le théâtre médiéval mélange sur la scène successivement farces ou
moralités et mystères. Ainsi en 1496 à Seurre, on joua le Mystère de Saint Martin 15 écrit
11
Le mystère de la Passion (Angers, 1486) Jean Michel, éd. Omer Jodogne, Gembloux, Duculot, 1959.
Ibid., p. 416-417, v. 28368-28389.
13
On connaît bien en Normandie le Planctus de Guillaume Longue Épée. Jules Lair, « Complainte sur
l’assassinat de Guillaume Longue Epée, duc de Normandie », dans Bibliothèque de l’École des Chartes,
1870, p. 389-411 et en ligne : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-
6237_1870_num_31_1_446328 ; et Jules Lair Lair, Étude sur la vie et la mort de Guillaume Longue-
Epée, Paris, 1893. Gustave Cohen, « Les éléments constitutifs de quelques planctus des X e et XI e siècles »,
dans Cahiers de civilisation médiévale, t. 1, 1958, p. 83-86.
14
Charles Mazouer, Le théâtre médiéval, Sedes, 1998. p. 18.
15
Le mystère de saint Martin, Andrieu de la Vigne, éd. André Duplat Genève, Droz, 1979.
125
L E THÉÂTRE MÉDIÉVAL , LE TRAGIQUE ET LE COMIQUE
par Andrieu de la Vigne et en son milieu la Moralité de l’Aveugle et du boiteux et la
Farce du meunier. De même au milieu du Mystère de saint Fiacre à 25 personnages
« cy est interposé une farsse 16 » dit le manuscrit. On pourrait multiplier les exemples.
Cette insertion de farces au milieu des mystères a même mené les historiens du
théâtre médiéval à trouver l’origine du mot « farce » dans cette situation particulière : la
« farce » serait la pièce qui « farcirait » le texte « sérieux » du miracle ou mystère
religieux. Il semble que cette hypothèse ne soit pas valide 17 . Il existe en effet des pièces
comiques jouées en dehors de tout texte religieux. Il faut plutôt chercher l’identité de la
farce dans le verbe « farcer » plutôt que farcir. Le verbe « farcer » désigne très tôt le fait
de jouer une pièce destinée à faire rire. Le mot « farceur » se trouve d’ailleurs dans des
textes d’archives, des contrats d’associations de « farceurs » avec le sens de « jouer des
farces 18 ».
Les personnages comiques d’autre part ne sont pas l’apanage du théâtre profane.
Les miracles et les mystères accueillent aux côtés de la Vierge Marie ou du Christ des
personnages comiques. Les personnages de bourreaux (qu’on appelle « tirans » dans les
mystères), de vilains ou de fous, sans compter les diables 19 se multiplient au fil du
temps.
Les diables qui font vacarme et « diablerie » dans la gueule d’enfer sont là pour
amuser le public beaucoup plus que pour donner le frisson.
Ils sont très présents pour la première fois dans le Mystère de la Passion d’Arnoul
Gréban, toute une hiérarchie diabolique soumise à Lucifer. Le passage où Satan
rapporte à Lucifer la naissance du Christ est très amusant. L’histoire est inversée : il n’a
pas réussi à faire commettre un seul péché à Marie.
Voici un fragment traduit dans l’édition de poche de la Passion d’Arnoul
Greban 20 :
S ATAN . – En un mot comme en cent, c’est une sainte. J’ai vu Judith, Esther, Rachel et Lia :
aucune comparaison ; elle les surpasse toutes.
C ERBÈRE . – Ce que tu dis là est plutôt inquiétant pour nous, Satan !
S ATAN . – Et encore je ne vous ai pas dit le plus beau : cette Vierge a eu un enfant et je ne sais ni
quand ni comment elle l’a fait. Ce dont je suis sur c’est qu’elle n’a connu aucun homme ; et
pourtant elle a accouché d’un garçon ; et pour notre malheur, car le bruit court que c’est lui le
Christ qui doit venir racheter le genre humain.
Le diable reste présent dans le Mystère de la Passion de Jean Michel (1486) : Satan
est même au pied de la croix et parle le premier juste après la mort du Christ..
J ESUS . – O Pater in manus tuas (v. 28 388)
Commando spiritum meum [...]
Ycy se fera tremblement de terre et le voile du temple se rompt par le milieu, et plusieurs morts
tous ensevelis sortiront hors de terre de plusieurs lieux et yront deça et dela.
S ATHAN . – près de la croix
16
Louis Petit de Julleville, Les mystères, Paris, 1889, t. 2, p. 511, p. 540.
Bernadette Rey-Flaud, op. cit. p. 170.
18
Marie Bouhaik et Katel Lavéant, « S’associer pour jouer » dans Le jeu et l’accessoire. Mélanges en
l’honneur de Michel Rousse, Rennes, 2012, p. 301-318. Aussi Marie Bouhaïk, « Faire l’histoire de
l’acteur » dans Médiévales, Théâtres français du Moyen Âge. Textes, images et performances, 59, 2010,
p. 107-125.
19
Élyse Dupras, Diables et saints Rôle des diables dans les mystères hagiographiques français, Genève,
Droz, 2006.
20
Le mystère de la Passion, Arnoul Greban, trad. Micheline de Combarieu Du Grès, Jean Subrenat, Paris,
1987 (Folio), p. 146-147 ; Le Mystère de la Passion d’Arnoul Greban, éd. Omer Jodogne, Bruxelles,
Palais des Académies, 1965, v. 7317-7338, p. 100.
176
ÉLISABETH L ALOU
Haro, haro, je brays en vain ! (v. 28 396)
Dyables infernaulx enragés,
Vengez mon dueil, vengés, vengés
vengez mon malheur desconfit !
Haro, je suis si tres despit
Que je creve de malle raige !
Haro, tous les dyables, j’enrage !
Ce Jesus qui est mort, en somme,
C’est Dieu qui c’est voulu faire homme,
C’est le filz de Dieu triumphant :
Je le congnoys bien maintenant
Jamais ne l’avoye au vray sceu. (v. 28 407)
Les diables se caractérisent par leur mode de parole. Ils crient : en effet depuis la
chute de Lucifer, ils sont condamnés à ne s’exprimer qu’en criant. Et ce mot « haro »
qui a un sens très particulier en Normandie avec la clameur de haro, est aussi le cri-
lamentation qui les caractérise. « Haro j’enrage » est la parole des diables 21 .
Dans le Mystère de saint Martin, une didascalie indique : « Icy sortent les deables
de leurs secretz, l’un cy, l’autre la, avecques feu et fouldre orrible, crians et braillans
comme il appartient 22 ».
La présence des diables génère une opposition fondamentale entre musique païenne
et diabolique et musique chrétienne et divine qui est mélodieuse 23 Les grossièretés, les
insultes, les imprécations parodiques forment une fantaisie verbale qui est en soi du
comique.
Les recherches poétiques même appartiennent au comique. Ainsi dans le Mystère
de saint Martin d’Andrieu de la Vigne, le diable Berith dit une balade de chant royal
dont tous les vers se terminent par -c et -ac. dont voici un exemple (v. 55-96) :
B ERITH . – Prince dampné, scrupuleux coac
Germa maudit, corps d’infernal eschac,
insaciable cornu, tigre estopic,
bec jaulne infect, temeraire ypodrac,
fol enraigé, qu’as-tu mengé ? Poac ! poac !
que te fault-il, paillart, puant aspic ?
et dans le Mystère de saint Didier 24 , la parole satirique du diable (avec des finales en
« -bre ») est comprise comme un jargon par le personnage du fou lui-même, qui
pourtant s’exprime lui-même dans une langue qui fait rire.
L UCIFER . – Holà ! dyables il convient
Le bouter en quelques ténèbres,
Et puis ainsin qu’il appartient
Tormentez luy teste et cérèbre,
Corps, face et palpèbre,
Boultez ou latèbre,
De nostre délubre,
Puis qu’on le térèbre
Par force illecèbre,
Turbide et lucubre
L E F OL . – Qu’esse que Lucifer célèbre ?
21
La clameur de haro permet à tout plaignant en Normandie de demander oralement réparation. Voir
Michel de Bouard, Guillaume le conquérant, Paris, 1984. p. 438.
22
Mystère de saint Martin, 1496, éd. André Duplat, Genève, Droz, 1979, Vers 54-55 cités par Élyse
Dupras, Diables et saints Rôle..., op. cit, p. 75.
23
Darwin Smith, Le jeu saint Loys, thèse Paris III, sous dir. Jean Dufournet, 1986 ; cité par Élyse Dupras,
Diables et saints Rôle..., op. cit, p. 76.
24
Mystère de saint Didier, éd. J. Carnandet, Paris, 1855, p. 431 cité par Élyse Dupras, Diables et saints
Rôle..., op. cit, p. 98.7
L E THÉÂTRE MÉDIÉVAL , LE TRAGIQUE ET LE COMIQUE
Je n’entend point ce fort latin,
C’est alement ou bedouyn,
Selon ce que je puis entendre.
Les personnages de fous – le fol – se trouvent aussi dans les mystères. Le Christ en
effet a guéri plusieurs « démoniaques » –pouvoir qui est encore dévolu ensuite aux
clercs exorcistes – et le personnage du fou, du « desvé » a été fort utilisé pour faire rire
mais aussi pour assener quelques vérités et participer à la satire. C’est le rôle des sots
dans les sotties, c’est déjà celui du Desvé mais aussi de Wallet dans Le Jeu de la
feuillée 25 . Ces deux personnages représentent l’un le desvé, un fou qu’on pourrait dire
tragique – un enfant malade qui a perdu l’esprit– et l’autre un sot, personnage
résolument comique.
L’une de ses tirades le dit bien d’ailleurs :
Saint Acaire, merde de Dieu,
Donne moi beaucoup de purée de pois ;
Car je suis, pour sûr, un sot avéré
Et je suis bien content de te voir.
Et je t’apporte, je crois bien
Mon neveu, un bon fromage gras.
N’attends pas pour le manger. (v. 344-350)
Ces deux personnages montrent aussi que le théâtre comique peut lui aussi délivrer
un message ambivalent sur l’âme ou la destinée humaine 26 .
Le rôle du fou est souvent du ressort de l’improvisation. Nous en avons la preuve
dans le manuscrit du mystère de saint Vincent, dans lequel le rôle est resté en blanc –
l’acteur ayant peut-être oublié de rapporter son roulet ou ayant improvisé.
Le comique de langue est lui aussi présent très tôt, mêlé au théâtre religieux, à la
performance d’un théâtre a priori « sérieux ».
Dans le jeu de saint Nicolas de Jean Bodel 27 , le dieu Tervagans s’exclame :
T ERVAGANS . – Palas aron ozinomas
Baske bano tudan donas
Geheamel cla orlaÿ
Berec he panteras taÿ
L I PREUDOM (qui n’y comprend rien). – Rois, que voloit-il ore dire ?
Le roi lui explique :
Preudom il muert de duel et d’ire
De ce c’à Dieu me sui turkiés. (v. 1511-1518)
On observe une même utilisation d’un langage spécifique au diable comme aux
dieux païens dans le miracle de Théophile 28 , lorsque Salatin invoque le diable :
Salatin. – Bagahi laca bachabé
Lamac cahi achabahé
Karrelyos
Lamac lamec bachalyos
Cabahagi sabalyos
Baryolas
Lagozatha cabyolas
Samahac et famyolas
25
Le Jeu de la feuillée, dans Adam de la Halle, Œuvres complètes, éd. Pierre-Yves Badel. Paris, Le livre
de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1995.
26
Sur ce sujet, voir Edelgard E. Dubruck, « Le fonds sérieux de la farce médiévale : une dimension
insoupçonnée », dans « Et c’est la fin pour quoy sommes ensemble ». Hommage à Jean Dufournet.
Littérature, Histoire et Langue du Moyen Âge, Paris, Honoré Champion, 1993, t. 1, p. 469-467.
27
Le Jeu de saint Nicolas de Jehan Bodel, éd. Jean Dufournet, Garnier Flammarion, 2005.
28
Le Miracle de Théophile, op. cit., v. 160-168.8
ÉLISABETH L ALOU
Harrahya
Le jargon comme ces langues incompréhensibles ont été illustrées par la farce de
maître Pathelin dans laquelle les jargons breton, franglais, limousin ou normand
permettent à Pathelin d’échapper au drapier. Le jargon franco-anglais est une des
grandes réussites du jeu saint Loys 29 , édité par Darwin Smith, dans lequel les Anglais ne
savent plus parler français à la grande joie des spectateurs. Ces passages en jargon sont
le signe du mélange du sérieux et du rire, et dans les discours du fou, le signe d’un lien
avec un autre monde mystérieux.
C’est au jargon qu’ont été condamnés les hommes après la chute de la tour de
Babel. L’épisode est représenté dans le Mystère du Viel Testament 30 . Alors que les
charpentiers préparent « du plomb pour la couverture » de la tour, ils parlent dans une
langue incompréhensible :
G ASTE B OY . – Oriolla gallaricy
Breth gathahat mirlidonnet
Juidamag alacro brouet
Mildafaronel adaté
N EMBROTH . – Vella nostre ouvraige gasté
C ASSE T UILLEAU . – Quanta queso a lamyta
La seigneurie la polita
Volle dare le coupe toue ?
C HANAAM . – Qu’esse cy ? Faut-il qu’on se joue
De nous ? Mais d’où vient cest erreur ?
C UL E SVENTÉ . – Bianath, acaste folleur
Huidebref abastenyent
C HUS . – Bref je ne scay d’où cecy vient ;
Jamais ne vis tel fantasie
P ILLE M ORTIER . – Rotaplaste a la casie
Emy maleth a lacastot
J ETRAN . – Nous perdons icy temps, Nembroth
Car nous pouvons assez cognoistre
Que Dieu ne nous veult point permettre
Que ceste tour parachevons.
Dans ce registre, le comique est présent dès l’origine, dès les drames liturgiques 31 .
Dans un Jeu des rois du XII e siècle 32 , les rois mages parlent « en leur langue » et Hérode
qui parle latin, n’y comprend rien. C’est la première occurrence il me semble de ce
jargon qui farcit les textes les plus sérieux, à défaut d’être tragiques.
H ÉRODES . – Quid vis edissere nobis ?
Quem osculetur Herodes, faciendo eum sedere in dextera parte sui.
Alter[le second roi mage] in dextera Herodi dicat :
29
Darwin Smith, Jeu saint Loys, thèse citée plus haut. Darwin Smith, Maistre Pierre Pathelin. Le miroir
d’orgueil, Tarabuste, 2002 ; et Darwin Smith « Le jargon franco-anglais de Maître Pathelin », Journal des
savants, 1989, p. 259-276 et en ligne : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-
8103_1989_num_3_1_1529
30
Le mistere du Viel testament, éd. Le baron James de Rothschild, Paris, 1878 (Société des anciens textes
français). t. 1, p. 271-272.
31
É. Lalou « Les textes en jargon franco-anglais du XII e au XV e siècle », La France anglaise, Actes du
111e congrès des sociétés savantes, Poitiers, 1986, Paris, 1987, p. 543-562.
32
Karl Young, The drama of the medieval church, Oxford, 1933, vol. 2, p. 70. Voir le recueil d’articles en
ligne sur le site du Lamop (http://lamop.univ-paris1.fr/)Le Théâtre de l’Église ( XII e - XVI e siècle), Paris,
Lamop, 2011. Ce volume contient les articles de Marie Bouhaïk-Gironès, « Le théâtre de l’Église ( XII e -
e
XVI siècle) » ; Jelle Koopmans, « Le théâtre dans l’Église : mythes et réalités » ; Simon Gabay, « Le
statut juridique de l’acteur en droit canon au Moyen Âge » ; Rose-Marie Ferré, « Émile Mâle, l’art et le
théâtre au Moyen Âge : jalons et résonances » ; Fabienne Joubert, « Les tableaux vivants et l’Église » ;
Daniel Russo, « Prolongements ».9
L E THÉÂTRE MÉDIÉVAL , LE TRAGIQUE ET LE COMIQUE
Ase ai ase elo allo crazai nubera satai lomedech amos ebraisim loasetiedet inbedo addoro otiso
bedoranso I et o iomo bello o illa et cum marmoysen aharon et cum cizarene ravidete qui adonay
moy
Hunc osculando jubeat Herodes sedere juxta priorem.
Tercius [le troisième roi mage] in sinistra Herodi dicat :
O some tholica lama ha osome tholica lama ma chenapi ha thomena
De quo Herodes faciat ut de prioribus, quibus
Herodes dicat :
Regem quem queritis, natum esse quo signo didicistis ?
Magi econtra :
Illum natum esse didicimus in oriente stella monstrante [puis ils montrent l’étoile à Hérode et
annoncent apporter l’or, l’encens et la myrrhe].
Le comique – provoqué ici par le jargon et peut-être les gestes mal connus des
acteurs – est donc lié au texte religieux dès les premières occurrences connues. Ce qui
apparaît là dans les drames liturgiques, c’est le jeu, la performance qui introduit le rire
au sein du plus sacré : le personnage de Jésus Christ nouveau né. Dans un autre drame
liturgique de la même époque – à Rouen – le personnage de Balaam et son ânesse est
déjà du théâtre comique joué pareillement dans l’église lors du drame de la Nativité. Un
ange invisible barre la route de l’ânesse qui parle avec son maître.
Le comique pourrait bien au Moyen Âge être fondateur du jeu théâtral au sein
même du théâtre religieux, ce qui pose la question de la place du rire 33 dans l’église et
face au texte des Évangiles.
Cette question même a été posée en 1989 par Jacques Le Goff, dans un article
fondateur intitulé « Rire au Moyen Âge » repris en 1997 dans les Annales sous le titre
« Une enquête sur le rire ». Piroska Nagy, dans Le don des larmes au Moyen Âge, a
souligné combien le christianisme a voulu constituer un système « rire/pleurer ;
rire/larmes » et, selon la formule de Jacques Le Goff, « limiter le rire et les larmes à
l’horizon du péché et du salut 34 ».
Il n’est donc pas étonnant de constater le lien indissoluble entre théâtre comique et
théâtre religieux. Indissoluble peut-être pas. En effet « dans la chrétienté médiévale, on
a ri et pleuré en dehors de ces fondements et de ces perspectives 35 ».
Nous l’avons constaté pour le champ théâtral avec les farces ou les sotties. La satire
existe depuis fort longtemps. Dans le Jeu de Robin et Marion 36 , on rit en chantant. Le
roi rit aussi en regardant le Dit des quatre offices d’Eustache Deschamps 37 , qui est une
satire de la domesticité de la cour, gagnée par le Carnaval et l’inversion déjà présents
dans le roman de Fauvel. Le Panetier, l’Echançon, le Saucier et le Cuisinier rivalisent
pour s’imposer à la première place.
33
Jacques Le Goff, « Rire au Moyen Âge » dans Cahiers du Centre de Recherches Historiques. 3, 1989,
p. 1-14 (rééd. dans Un autre Moyen Âge, Paris, 1999, p. 1343-1356 et en ligne sur revue.org :
http://ccrh.revues.org/2918) et « Une enquête sur le rire », Annales, Histoire, Sciences sociales, 1997, vol.
52, n° 3, p. 449-455 et en ligne : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-
2649_1997_num_52_3_279579). Voir aussi Andrea Marculescu, « Ridere and Deridere : the pratice of
laughter in the Parisian Sotties » et notamment sa bibliographie sur le rire.
34
Jacques Le Goff, « Enquête sur le rire », art. cit., p. 450. Voir aussi Piroska Nagy, Le don des larmes au
Moyen Âge. Un instrument en quête d’institution ( V e - XIII e siècle). Paris, Albin Michel, 2000.
35
Jacques Le Goff, « Enquête sur le rire », art. cit., p. 450. On pense aussi au Nom de la rose d’Umberto
Eco et à Aristote « Le rire est le propre de l’homme ».
36
Adam de la Halle, Œuvres complètes, éd. Pierre-Yves Badel, Paris, 1995 (Lettres gothiques).
37
É. Lalou, « Réflexions sur cérémonie, cérémonial et jeu », in J.-P. Bordier (éd.), Le jeu théâtral, ses
marges, ses frontières, actes de la deuxième rencontre sur l’ancien théâtre européen de 1997, Champion,
1999, p. 115-125. Œuvres complètes Eustache Deschamps, Paris, t. 7, 1891, MCCCLX, p. 175. (Société
des anciens textes français). (en ligne sur Gallica).10
ÉLISABETH L ALOU
Il existe donc un rire indépendant du religieux, peu commun peut-être si l’on pense
que le Carnaval et ses rites d’inversion sont bien inclus dans l’année liturgique. Mais ce
rire existe bien.
Si l’on regarde les textes de théâtre qui nous sont parvenus, le rire apparaît avec le
jeu, dès les drames liturgiques où s’opère le mélange entre comique et théâtre sérieux.
Quand la censure vient à bout du théâtre « religieux », au XVI e siècle, en interdisant les
mystères comme les sotties des basochiens, c’est du rire dont elle veut se débarrasser ;
et c’est alors que s’opère la scission entre comédie et tragédie. L’apparition de la
comédie au XVI e siècle comme d’ailleurs celle de la tragédie serait donc la mise au pas
du rire.
La dernière parole peut rester au Jeu de Saint Nicolas de Jean Bodel dont les
derniers vers prononcés par le sénéchal sont 38 :
L E SÉNÉCHAL . – Tervagan, du ris et du pleur/
que feïstes, par vo doleur/
verrés par tans le prophesie.
38
Traduction : « Tervagan, du rire et des pleurs / Que vous avez manifestés, vous verrez / Bientôt, par
votre douleur, le caractère prophétique », Le Jeu de saint Nicolas, Jehan Bodel éd. Jean Dufournet, Paris,
2005. (v. 1522-1527).


traducción

7/5/16

¿Te duele? César Brie

¿Te duele?
César Brie


Personajes
Marido
Mujer


La escena es un rectángulo de 7 metros por seis de profundidad. Hay cuatro postes
en las esquinas, unas cuerdas en el suelo a las que están atadas luces.
Durante la obra, la escena se volverá un ring de boxeo con cuerdas luminosas.
El público se coloca enfrente o a tres lados del ring, como en una pelea de box.
En el lado de atrás hay un hueco entre las cuerdas para permitir ingresar y sacar
objetos. Es un portal con una pucara.


Prólogo:
La esposa está vestida de novia. El marido elegante. Entran, ella en los brazos de
él.
Arman con luces de colores un ring de boxeo. Desembalan la mesa, los cubiertos,
platos, vasos y sillas de la casa.
Marido: ¿Qué será? ¿Qué será?
Mujer: ¿Quién lo sabe, quién lo sabe?
Marido: ¿Cómo fue? ¿Cómo fue?
Mujer: ¡Aquí estoy, aquí estoy!
Marido: Mira, mira, mira, mira
Mujer: Ay, ay, ay, ay!
Marido: ¿Qué pediste?
Mujer: ¿Qué pedí?
Marido: ¿Que nos dieron?
Mujer: ¿Qué nos dieron?
Marido: Lo que debían
¿Te duele?
Mujer: lo que se usaba
Marido: lo que sobraba
Mujer: lo que faltaba
Marido: lo que no había.
Mujer: ¿Y ahora, qué ocurre ahora?
Marido: Ahora se acaba, ahora se acaba
Mujer: Ahora comienza, ahora comienza.
Marido: El cimiento, el dintel, el muro, la ventana
Mujer: La mesa, los platos, cuchillos, cucharas
Marido: El techo, el lavabo, el armario, la cama.
Mujer: la puerta cerrada
Marido: ¿cerrada?
Mujer: cerrada
Cierran el portal por el que entraron con otras dos cuerdas luminosas.
Marido: Que no entre el frío
Mujer: ni el miedo
Marido: ni el lobo
Mujer: ni el suegro
Marido: ni la suegra
Mujer: ni el cura
Marido: ni el doctor
Mujer: ni el dolor
Marido: ni el infierno
Mujer: que no entre nada
Marido: a salvo de todo
Mujer: a salvo de todo
Marido: que no entre nada.
Quedan en el frente abrazados. El marido le desprende el velo de novia mientras la
mujer saca de su cuerpo un origami. Lo cuelga delante de la escena. Ese origami
representa la silueta de un niño.
Epílogo
El marido se sienta en la otra esquina del ring .Mientras habla ella se maquilla.
Marido: A salvo del sol, del miedo, de fantasmas.
Aquí no ha pasado nada. Aquí no ha empezado nada.
¿Te duele?
Tal vez llueva, tal vez no. Ayer como hoy, hoy como mañana.
Que se calienten los huesos, que los niños tiriten, los sueños se pierdan.
La esquina oscura, la calle angosta, las cinco y cuarto.
El bus, el trabajo. La mano en el rostro. La cabeza caída.
Se agita, se agita. Arrorró mi niño, arrorró y adiós.
Adiós mis amigos, adiós a mis perros, (a ella) adiós amor mío.
Mujer: Que te vaya bien, que nada te ocurra, que vuelvas temprano, que no te
fatigues.
Marido: ¿Quien pinta las nubes? ¿Quien pone la mesa? ¿La mesa de quién?
La mujer ha terminado su maquillaje. Mientras ella habla el marido comienza a
tirar todo al suelo, de a poco hasta volverse frenético. La mujer a cada ruido se
interrumpe, se estremece y se mancha la cara con su propio maquillaje. La casa
queda desvastada y el rostro de la mujer como si la hubieran golpeado.
Mujer: Yo estaba embarazada de nuestro segundo hijo. Me sentía gorda y fea. Estaba
tan insegura. Volvió tenso del trabajo. Su jefe le había gritado. (Golpe) No le gustó
la sopa y voló una cachetada. Luego me pidió disculpas. No me animé a reclamarle.
Se hizo costumbre luego. (Marido tira vaso) Primero los golpes luego las disculpas. Yo
tampoco me quedaba atrás ni a gritos ni sacudidas (Marido tira platos y cucharas)
Nunca lo denuncié. ¿A quién? ¿Para qué? ¿Qué iba a decir mi madre? ¿Y la suya?
(Marido voltea la mesa) ¿Qué iba a pasar con los niños?


Round 1
El marido se acerca a la mujer. Ella escapa. Mientras él habla ella recoge los objetos
caídos.
Marido: Repetí, repetí lo que me has dicho. No te escuché, adelante
Repetí ahora carajo, ¿qué fue lo que me dijiste?
El marido se quita el saco. Se pone guantes de boxeador y se coloca en su esquina
en posición de guardia.
Marido: Se llama guardia y de aquí parte y se inicia todo:
las acciones de ataque, los gestos de la defensa.
Las zonas vulnerables protegidas por los brazos
que al mismo tiempo desvían los golpes del adversario…
El marido se acerca y golpea la mesa que ella está ordenando.
¿Te duele?
Marido: ¿Que me olvidé de hacerlo? ¿Que no te compré qué cosa?
No voy de compras mi amor, no hay mercado en la cantera.
Vuelve a su esquina y continúa su entrenamiento.
Marido: El puño izquierdo a la altura del hombro y éste elevado
 para evitar que los golpes entren por los costados.
El codo queda a mitad entre el puño y el hombro.
Los músculos relajados.
La mujer recoge las cosas caídas. El marido se acerca y la empuja apenas con sus
piernas.
Marido: Decilo de nuevo, mierdita, estoy algo sordo. ¿Sabes?
No es música lo que martilla las orejas todo el día.
El marido vuelve a su esquina. La mujer termina de ordenar todo.
Marido: El secreto: economía en cada movimiento
así se logra alcanzar la mayor velocidad
y la contracción violenta de cada músculo empleado
en el momento final. El instante del impacto.
El marido se sienta en la esquina. La mujer se acerca y lo acaricia. Sonríe.
Mujer: El instante del impacto. El peso es fundamental.
Un puñetazo aplicado por un peso pesado
de ochenta y seis kilogramos tendrá efecto devastador
en un cuerpo de cincuenta. O sea de un peso mosca.
Lo hace levantar, le arroja la camisa. Luego limpia el saco que quedó colgado
en la silla.
Mujer: Viceversa, a pesar de la mayor rapidez,
el golpe de un peso mosca difícilmente podrá
dañar a un peso pesado.
Le pega frenéticamente con el saco.
Mujer: En el boxeo existen
dieciséis categorías,
para igualar los pesos
¿Te duele?
y que no exista ventaja.
Un grande pega a otro grande
y el pequeño a otro pequeño.
Todos pueden defenderse
y atacar llegado el caso


Round 2
Se sientan en la mesa. Ella acomoda los cubierto y el plato.
Marido: ¡No!
Ella cambia el plato y cubiertos de lugar.
Marido: ¡No!
Ella cambia de lugar la comida.
Marido: ¡No!
El marido acomoda el plato como desea.
El golpea con el tenedor en su plato. Ella se estremece, raspa el plato con el
tenedor.
El pone lo que no le gusta en el plato de ella.
Ella come y escupe lo que come. La segunda vez lo que escupe termina en el rostro
de él.
El marido se alza, le aferra las manos la lleva como una marioneta hacia el
proscenio.
Ella tose. El la lleva de un lado a otro mientras ella tose y tiene asma. Ella cae en
una esquina.
Marido: Una mujer está parada frente a una puerta
Abre la puerta y se topa con una ventana abierta
al fondo de la habitación. Atraviesa esa ventana
y encuentra un corredor, bombillas de luz eléctrica
la llevan hasta el final.
El la deja caer en la otra esquina
Marido: Al final hay un espejo.
¿Te duele?
César Brie
6
La mujer se mira y piensa.
Mujer: si lograra atravesarlo
mi cuerpo se volvería la imagen que reconozco.
Yo sería esa que veo, sola, totalmente sola”
Vuelve a llevarla de un lado a otro hasta que la deja en la mesa.
Round 3
El marido usa el brazo de la mujer para beber y comer.
Marido: ¿Y con eso? le dije
Con eso nada - responde
No te hagas - No me hago
A mí nadie me toma el pelo
Los pantalones bien puestos
Se puso blanco, se puso blanco y me pidió disculpas.
Conmigo nadie se mete, ¿Ves?
Está fría la comida.
Arroja su comida en el plato de la mujer.
Ella lo acaricia mientras le habla. El no reacciona, luego la rechaza hasta que las
caricias se vuelven cachetadas.
Mujer: Me llamaron de la escuela. Julián había roto un vidrio.
No le pegues con el cinto. Es un niño todavía.
Te he comprado una camisa. La cambio si no te gusta
Vinieron los de la luz. Si no pagamos la cortan.
Me llamaron de la escuela. Te he comprado una camisa.
Julián había roto un vidrio. La cambio si no te gusta
No le pegues con el cinto. Vinieron los de la luz.
Es un niño todavía. Si no pagamos la cortan.
Escuela, camisa, pagamos, niño, vidrio, no te gusta
La cortan si no le pegas, con el vidrio todavía,
Con el vidrio, con el niño, con el cinto, con la luz,
bestia, bestia, bestia, bestia….
Round 4:
¿Te duele?
César Brie
7
Él marido la arrastra por el ring hasta llegar a una esquina. Allí le coloca guantes de
boxeo. Ella se entrena.
Marido: Mi esposa, mi compañera. Mi vida.
Mujer: El brazo derecho atrasado, a la misma altura el hombro.
Al costado del mentón y algo más adelante.
El codo separado del cuerpo para evitar
que un golpe en el brazo afecte al hígado y al riñón.
Marido: Mi cruz, mi paraíso, mi norte, mi perdición
Mujer: Estar en guardia permite desplazarse y esquivar
parar, desviar y bloquear los golpes del contrincante
conservar el equilibrio repartido entre las piernas.
Ella acaba con los brazos caídos, desanimada. Él le quita los guantes. Música. ÉL
marido la alza y la lleva.
Marido: ¿Por dónde andas?
Mujer: Para qué quieres saberlo
Marido: Porque yo soy tu marido.
Mujer: Estoy flotando en un lago. Me sigues en una barca.
Remas con dificultad porque tu remo es un hacha.
Hay flores en mi vestido, dentro de la boca hay agua.
Está oscuro y el peso me hunde bajo las aguas.
Te detienes y jadeas. Me amenazas con el puño.
Marido: Aquí estoy, no soy quien dices, no te abandono mi vida
Mujer: Pero en el fondo del lago hay luces, una ciudad
y en las calles las mujeres barren los desperdicios
la basura cae al agua y queda flotando en ella.
La esposa recibe una escoba. Barre con ella. Pero la escoba esconde papel picado
que ensucia cada vez más mientras ella limpia
Mujer: Para dejar todo limpio, que todo brille por fuera, que no digan que soy sucia.
Pausa
Se ha pasado la mañana, como se vuela el tiempo.
Si no existieran las horas ¿cómo haría, dónde iría?
Su acción de barrer se vuelve violenta.
¿Te duele?
César Brie
8
Tengo una mano, una escoba, un brazo para agitarla
ese brazo es una parte de mi cuerpo y este cuerpo
limpia, limpia, limpia, limpia. Polvo, tierra, manchas, grasa.
Se detiene y habla al público con dulzura.
Esta vida… ¿de quién es? Igual a la de mi madre…
Abre el origami y aparece un segundo niño.
Tengo una mano, una escoba, un brazo para agitarla
ese brazo es una parte de mi cuerpo y este cuerpo limpia, limpia.
¿Quién limpia lo que yo ensucio? ¿Quién sacude mis dolores
y los tiende en una cuerda? Te escuchaba, me escuchabas.
Round 5
El marido se alza de la mesa hablando con la boca llena. La mujer sonríe.
Marido: Un cojudo, un cojudo, no debí haberle pasado el balón.
Para tirar al arco hay que estar tranquilo.
Un gol, un gol, un gol es un pase a la red.
además el árbitro cobraba lo que quería.
Posición adelantada aunque picara de atrás.
Seguro lo habían pagado. Debíamos haber ganado,
y aquí estamos, como siempre, peleando en la retaguardia.
Están de espaldas en el frente del ring. Uno ronca y el otro se estremece. Bajan y
suben con los ronquidos.
Mujer: Era perfecto mi cuerpo, eran perfectas mis piernas
enredadas en las tuyas. Era perfecta esa noche,
el silencio, los jadeos, los grillos, las cucarachas.
Era perfecto todo porque todavía me amabas.
El marido vuelve a sostener la mujer con dulzura.
Marido: ¿Fue ayer, tal vez antes de ayer? ¿Nos casamos hace un siglo?
¿Cada día una montaña, una cuesta, una escalera?
¿Quién se cansó primero? ¿Quién llenó todo de niebla?
¿Te duele?
César Brie
9
¿Quién colocó el algodón dentro de las orejas?
¿Quién maldijo a baja voz? ¿Quién arrojó la piedra?
La mujer va a una esquina y el marido a la otra.
Mujer: Comienza con un portazo. Luego cae un plato al suelo. Más tarde un puñetazo
en la mesa o en la silla. Luego patadas al perro. Después un empujoncito, luego una
cachetada. Al final puños cerrados, jaladuras de cabellos, arrastrarte por el suelo.
Después aparecen los pies, una patada, dos, tres… luego ya son pateaduras. Más
tarde con el cinturón. Del lado del cuero primero y al tiempo es con la hebilla.
El marido muestra sus manos. La mujer se toca el rostro.
Marido: Si pudieran hablar, ¿qué dirían estas manos?
La cama, la mesa, el techo, construyeron los armarios.
Estos brazos te cargaron cuando estabas por parir.
Así, así te sostuve cuando todo te dolía.
Mujer: Esta frente... ¿de quién es? Igual a la del abuelo
¿Y estas cejas? No son de él.
Son… mamá, tengo tus cejas y el ceño igual de fruncido
¿Y la nariz? de nadie, la nariz es sólo mía.
Marido: ¿Cuántos ladrillos cargaron? ¿Cuántos carros manejaron?
Estas manos acunaron, los castigaron también.
Con estas manos cavé la tumba de Jorge Almeida.
Mujer: el mentón es de mi padre, y las orejas también.
Los cabellos son de ambos.
El color es de mamá y la textura del viejo.
Marido: Estas manos se cansaron. Se emputaron, se crisparon
Te dijeron por favor, no molestes, no preguntes
Se acerca a la mujer y la toma por el cuello, luego la abraza
Mujer: El cuello me pertenece, el de ustedes es muy ancho
estas marcas, ¿de quién son? Están aquí, ¿quién las hizo?
Marido: Con estas manos rompí la silla de un puñetazo
Mujer: La boca es la de mi madre
Marido: Te vendé, te protegí, te abracé, te supliqué
Mujer: Y esta voz ¿de dónde viene?
Marido: Si hablaran, lo que dirían mis manos
Música. El marido sacude a la mujer con movimientos bruscos, le arranca el moño
del pelo, la carga en un baile burdo y violento.
¿Te duele?
César Brie
10
Ella queda sentada frente a la mesa con los cabellos cubiertos. Él le descubre el
pelo y le da de comer.
Marido: No tienes de qué quejarte. Cuando te enfermas te cuido.
Te preparo la comida, te atiendo, te limpio y busco
a los niños en la escuela. ¿Qué más? ¿Dime qué más quieres?
¿Quieres ver a tus amigas? Estoy de acuerdo, ve a verlas
aunque no entiendo qué historias tienen para contarse.
¿O ya no estás bien conmigo? ¿O es que hay otro? Dímelo.
¿No confías en tu marido? ¿Para qué ves esas putas?
¿Y qué les dices de mí? ¿Que te pego y te maltrato?
Mujer, te pedí disculpas. ¿No me habías perdonado?
Cada uno va a su rincón, se colocan los guantes de box.
Round 6
Campana.
Se ponen ambos en guardia.
Dan y esquivan golpes con las espaldas apoyadas en el otro.
Mujer: Por el resto de mis días
Marido: Hasta que muerte nos llegue
Mujer: Juro por lo más sagrado
Marido: Ante Dios y ante a la Virgen
Mujer: Por la familia y los hijos
Marido: Por el pan y la plegaria
Mujer: Te quemaré la comida
Marido: Me iré de farra las noches
Mujer: Me tiraré al plomero
Marido: Te moleré a puñetazos
Mujer: Vidrio molido en tu almuerzo
Marido: Te prestaré a mis amigos
Mujer: Fracasado, fracasado
Marido: Puta, puta asquerosa
Mujer: Desgraciado hijo de perra
Marido: Cara de culo, opa, sapo
Mujer: Por el resto de mis días
Marido: Juro por lo más sagrado
Mujer: Hasta que muerte nos llegue
¿Te duele?
César Brie
11
Marido: Ante Dios y ante a la Virgen.
Ambos: Por la familia y los hijos, por el pan y la plegaria.
Se quitan los guantes. Van a la mesa y pulsean.
Marido: Porque cocinas mal.
Mujer: Porque siempre llegas tarde.
Marido: Porque eres fea y amarga.
Mujer: Porque hiedes y eres gordo.
Marido: Porque eres gringa.
Mujer: Porque eres indio.
Marido: Porque gritas todo el día.
Mujer: Porque nunca me escuchas
Van a las esquinas. Ella corre y el marido va detrás de rodillas
Marido: Perdóname corazón, no voy a volver hacerlo.
Se me fue la mano, ¿entiendes? Mi amor, estoy de rodillas.
Nunca más voy a pegarte, antes me corto la mano.
Voy a comer tu comida. Lo que hagas yo me lo trago.
Campana.
Round 7
Él se sienta a comer, ella está debajo de la mesa.
Mujer: Es una luna de miel luego de la tormenta. Pide perdón, lo perdono.
Hablamos, nos abrazamos, nos hacemos el amor. Besos con arrumacos, caricias,
piropos, regalos. Como si fuéramos novios. Pero al cabo de unos días empieza todo
de nuevo: que la comida está mal, o que volví tarde a casa, que ya no lo quiero más,
que quién me creo que soy. Así hasta que me golpea.
Marido: (Cada vez se entiende menos a medida que llena la boca) Rico, delicioso, me
vas a enseñar la receta. ¿A quién le cocinan así? A nadie. En esta casa soy rey. ¿Mmm?
¿Es quinua? Mezclada con chuño, arveja. Las arvejas no me gustan. La próxima vez te
acuerdas ¿Y este sabor, es queso? Queso chino debe ser. Pero si parece mierda.
¿Quién te enseñó a cocinar? ¿Esa bruja de tu madre?
Golpea el plato sobre la mesa. Debajo ella se tapa los oídos.
Ponte en el culo tu cena.
Campana.
¿Te duele?
César Brie
12
Van de rodillas a las esquinas. Ella lo sigue.
Mujer: Me distraje con los niños y se quemó la comida. ¿Vas a perdonarme amor?
Él se da vuelta y ella se aleja. Él la sigue siempre de rodillas
Marido: Se me resbaló la mano, yo quería acariciarte. Vida mía discúlpame.
Ella se da vuelta y él se aleja. Ella lo sigue de rodillas
Mujer: Mañana preparo sajta. Ají, papa, pollo fresco
Él se da vuelta y ella se aleja. Él la sigue de rodillas
Marido: Te voy a comprar una blusa bordada a mano, mi vida.
Ambos se dan vuelta y se acercan reconciliándose siempre de rodillas.
Mujer: Discúlpame, discúlpame
Marido: Mi reina, mi palomita
Tercer Origami
Mujer: Hagan los deberes chicos.
Marido: No peleen.
Mujer: Nao, quédate quieta.
Marido: Es hora de comer. Cuidado que está caliente.
Mujer: ¿Dónde te duele mi amor?
Marido: Ya pasa mi vida, ya pasa.
Mujer: ¿Te golpeaste con la mesa?
Marido: Mala mesa… mesa mala!
Se abrazan y se dirigen al público sonriendo.
El marido se acuesta, alza y baja los pies con el ritmo del sueño. Sobre sus pies está
acostada ella que duerme y suspira.
Marido: Yo te sostengo, no temas. Donde vayas estaré.
Los sueños mi amor son caros. Nacen de las ilusiones y se vuelven pesadillas.
Te sostengo, te sostengo. Te ruego, no sueñes más.
Si no hay sueño no hay dolor y si no hay dolor no hay penas.
¿Te duele?
César Brie
13
Campana. Van a las esquinas.
Mujer: El amarillo y el verde mezclado en la luz del alba
Marido: Tornillo, destornillador
Mujer: Los pájaros que despiertan
Marido: Martillo, clavo, alicate
Mujer: El sol calienta la tierra
Marido: Combo, taladro eléctrico.
Cambian de esquina
Mujer: Escoba, pala, basura
Marido: El horizonte cubierto de esmeralda y de naranjas
Mujer: Hornalla, gas y pañales
Marido: Los pájaros se recogen
Mujer: Hornalla, gas y pañales
Campana.
La mujer reacciona a los golpes que el marido no le da.
Mujer: Volviste temprano mi vida.
Golpe
¿Pero qué tienes mi amor?
Golpe
Te queda bien la camisa
Golpe
Conseguí un nuevo trabajo
Golpe
Despacio, los chicos duermen.
Golpe. Campana.
Round 8
¿Te duele?
César Brie
14
Mujer: ¿Quieres comer? ¿Quieres comer?
Marido: Sí, quiero.
Mujer: ¿Comes pollo, res, o cerdo?
Marido: Chancho
Mujer: ¿Chancho?
Marido: Hay que sujetar al chancho cuando se lo degüella. Tiene que morir despacio,
apagarse, desangrarse de a poquito, de ese modo sale rica la morcilla.
La mujer le arroja platos que él hace rodar en el piso.
Mujer: Come chancho, come chancho.
Come verdura, fruta.
Come aire, come tiempo, come mierda,
come el suelo, come el polvo,
come hijos, come cama, come ducha.
Come llajua, come ají, come toda la comida.
¿Tienes hambre? ¿Tienes sed? ¿Tienes miedo? Tienes frío?
Come, come, ¿qué te pasa?
El marido le arroja agua en la cara.
Marido: ¿Qué me pasa, qué me pasa?
El marido tira el vaso sobre la mesa, ella se esconde bajo la mesa. El se trepa
encima y arroja agua con un trapo. Ella se protege debajo para no empaparse.
Marido: ¿Por qué tengo siempre que arruinarme la existencia?
¿Por qué no cuento hasta diez, no me salgo de la casa
antes de que sea tarde? ¿Qué es lo que me sucede?
¿Por qué no pienso? Me doy cuenta, ella me quiere.
Claro que no es perfecta. Nadie es perfecto, yo menos.
¿Un hormigueo en el cuerpo y luego no me controlo?
Un calor en la cabeza, y las manos que me pican.
Luego estallo, pego jalo y ya no controlo nada.
¿Y si tomara pastillas?
¿El sonido de su voz? ¿Es eso que me molesta?
¿El tono con que me dice que haga o no haga tal cosa?
Entrarle dentro, eso quiero, a puñetes, a patadas.
Si no me entiende cuando hablo al menos que se de cuenta.
Baja de la mesa, ella escapa a una esquina.
¿Te duele?
César Brie
15
Aquí estoy, amor mío, este soy yo, dulzura.
Piltrafa, puta, engreída, corazón, luz de mi vida.
Van a una esquina.
El marido acaricia a la mujer en el rostro y ella se va a la otra esquina limpiándose
y quitándose esa caricia. Dos veces.
Marido: ¿Recomenzamos de nuevo? Hasta aquí fue solo un sueño. Juntos, juntos como
nunca.
Uno frente a otro. Ella toma la mano de él y se acaricia. La mano de él resbala.
Mujer: ¿Por dónde recomenzamos? ¿Por un beso, una mirada, un grito, una
cachetada?
Campana
Round 9
La mujer se ha puesto guantes de boxeo. El marido sostiene su chaqueta. En
posición de guardia esquiva y golpea. El marido detrás la corrige y sonríe.
Mujer: El jab y el golpe directo
aparentemente iguales
son distintos en su fuerza.
El Jab sirve a mantener
la distancia y preocupar
al rival y contenerlo.
Marido: La decisión de los jueces
es siempre definitiva.
Apelarla no es posible.
La victoria puede ser
por puntos o abandono.
Mujer: El directo es contundente,
hay que apoyarse en el suelo
y tener mayor impulso
para golpear con dureza.
Marido: Si se quiere retirar
al púgil de algún combate
se deberá arrojar, en modo que se la vea,
¿Te duele?
César Brie
16
una toalla en la pelea.
Mujer: Se llama crochet al golpe
que se da desde el costado
sobre el rostro del rival.
Marido: La victoria por knock-out
es cuando uno es derribado
y no se alza hasta el diez.
Mujer: El uppercut o gancho
es un golpe ejecutado
desde abajo hacia arriba
y que impacta en el mentón.
Marido: El knok-out técnico ocurre
cuando el árbitro detiene
el combate por heridas
o porque uno de los dos
no puede seguir peleando.
Mujer: El swing es un crochet largo,
en el que se gira el puño
para que los nudillos
impacten con mayor daño.
Marido: Sí se dá un golpe bajo,
o se hacen cosas prohibidas
como patear o morder,
o golpear fuera de tiempo
se descalifica el púgil.
Campana.
Round 10
Se sientan uno al lado del otro en el suelo tratando de decir algo que no logran.
Sonido del tiempo en un metrónomo. El marido va a una esquina. Campana. Se pone
un traje de cura.
Ella voltea la mesa y la lleva a un rincón. La mesa se ha vuelto el confesional que
los divide.
Mujer: Al inicio fue el silencio. Le hablaba y no respondía.
No escuchaba, no me oía. Luego empezó a llegar tarde.
Olor a alcohol en la boca. Volvía borracho a casa.
¿Te duele?
César Brie
17
El marido arrastra la mesa con ella colgada.
Mujer: Luego fueron los insultos. Que soy una puta dice,
que lo engaño, lo traiciono, que yo no sé cocinar.
Luego las amenazas. Que se va a ir de la casa
que va a hacer otra familia. Que va a pegarles a los niños.
El se dibuja con lápiz labial estigmas en sus manos. Ella lo hace en diferentes partes
de su cuerpo.
Marido: Miren, miren, yo había perdido el trabajo,
me daba vergüenza volver. No sabía cómo decírselo.
Mujer: Esto fue con la plancha, había arrugas en su ropa.
Y esto por responderle.
Marido: ¿Y esta llaga? Tóquenla. Miren cuánto es profunda.
Mujer: No le gustó la comida.
Marido: Esta llaga huele a alcohol. La bebida por aquí se me salía.
Mujer: Esto por saludarle
Marido: Dame señor las marcas, tus señales, los estigmas.
Mujer: Esto por no saludarle
Marido: Tú perdonas, yo perdono.
Mujer: Y esto no entendí por qué.
Marido: Cargo la cruz, señor mío.
Ella se acurruca detrás de la mesa caída. Desde fuera él le lanza objetos que
golpean la mesa que la protege. También llueven tomates. Ella sonríe y se
estremece. El marido grita.
Marido: ¿Cuando fue? ¿Cómo fue? ¡Aquí estoy!
Mira, mira, ay, ay, ay! ¿Qué pediste? ¿Qué pedí? ¿Que nos dieron?
Lo que se usaba, lo que sobraba, lo que faltaba, lo que no había.
¿Y ahora? ¿Ahora se acaba? ¡¡Ahora comienza!!
El cimiento, el dintel, el muro, la ventana, el techo, el lavabo, el armario, la cama.
La puerta cerrada. Que no entre el frío, ni el miedo, ni el lobo,
ni el dolor, ni el infierno. Que no entre nada.
Campana.
Round 11
Campana. El marido pone la mesa. Desde el costado ella le arroja los objetos.
Ambos gritan.
¿Te duele?
César Brie
18
Mujer: ¿Y el dinero?
Marido: ¿Y la sonrisa?
Mujer: ¿Y las caricias?
Marido: ¿Y el descanso?
Mujer: ¿Y el regalo?
Marido: ¿Y el fricasé?
Mujer: ¿Y el beso?
Marido: ¿Y las uñas?
Mujer: ¿Y la fiebre?
Marido: ¿Y el café?
Mujer: ¿Y la esperanza?
Marido: ¿Y las canciones?
Mujer: ¿Y el domingo?
Marido: ¿Y la noche?
Mujer: ¿Y la vigilia?
Marido: ¿Y la tristeza?
Ella camina encima de la mesa dejando caer platos sobre un mantel que el marido
jala. Ella se acuesta en la mesa. El marido se sienta en la silla.
Marido: Tú ya no puedes dejarme. Yo seguiré contigo
donde quiera que te vayas. Hasta el día en que te mueras.
Aunque nos separen muros, calles, ciudades, países.
En tu miedo habré quedado, como una flor agraviada,
creerás que quiere golpearte la mano que te acaricia.
Marido arroja la mesa con ella encima, ella se sienta.
Mujer: Ya nunca estarás conmigo. Aunque duermas a mi lado.
Aunque busques nuestros hijos. Aunque comas mi comida.
Por encima de lo que hagas, a pesar de lo que digas,
como una sombra estarán tus puños, gritos, tu furia.
Campana
Round 12
Hablan al Origami
¿Te duele?
César Brie
19
Marido: ¿Y estas notas?
Mujer: Le cuesta la geografía
Marido: ¿Para eso te mando a la escuela?
Mujer: Hijo tienes que estudiar.
Marido: ¿Para esto me sacrifico?
Mujer: Que no lo sepa tu padre
Marido: ¿Me quito el pan de la boca?
Mujer: ¿Has visto los durazneros?
Ambos miran al horizonte.
Mujer: Todos cargados de flores.
La mayoría son rosas. (Le tapa los oídos) Tú no puedes darte cuenta.
No tienes ojos, imbécil. No distingues si es un árbol o es un palo de la luz.
Obtuso, cerrado, tonto, bestia, bruto, sordo, mono
¿Las blancas dices? También son flores de los duraznos.
De una especie diferente.
Marido: Te queda bien el vestido. Tiene el color de tus ojos. (Le tapa los oídos.)
Por más que te vistas bien, vas a seguir siendo una bruja.
Sólo te falta la escoba. ¿Por qué me casé contigo?
Hazme el favor de morirte mujer. Quiero ser viudo.
Gracias virgencita, gracias, si te la llevas ahora.
Entona también con tu piel. ¿Y esa blusa? ¡Qué sensual!
La mujer va a la esquina del espejo. Abre la caja del maquillaje.
Marido: ¿Qué dices? ¿Cómo te queda?
Mujer: No me gusta en realidad.
Marido: ¿Por qué? Me ha costado un buen esfuerzo.
Mujer: No se nota. El de Agustina se ve desde media cuadra.
Van a decir que te olvidas. Que ya no te importa de mí.
Marido: ¿Reintentamos entonces?
Mujer: Reintentamos.
El marido hace ruido con un objeto y ella grita. Su rostro se mancha con el
maquillaje.
Mujer: Ahora sí, ahora está bien. Dios está en el detalle
Marido: ¿Te duele?
Mujer: Finalmente, así se nota. No voy a pasar vergüenza.
Marido: ¿Te duele?
Mujer: Ojo negro, labio herido. Instituto de belleza.
Marido: Te duele, te duele, te duele.
¿Te duele?
César Brie
20
Mujer: Nariz rota. Rostro hinchado.
Marido: ¿Te duele?
Mujer: Un crochet en la mejilla resuelve todas las cosas.
Marido: Fue un gancho, amor, nunca aprendes.
Round 13
En las esquinas ambos con los pelos deshechos se confiesan.
Mujer: Te quiero
Marido: Soy yo el que te quiere de veras.
Mujer: Te amo.
Marido: Soy yo quien de verdad te ama
Mujer: Te doy todo, todo, todo.
Marido: Me das nada, nada, nada.
Gritan en el medio agarrándose de la cabeza.
La mujer golpea al marido gritando con impotencia y el marido no reacciona.
Mujer: Dilo de una vez al menos… ¿estás enamorado de otra?... ¿Quién es, dónde la
ves? ¿Es gorda, flaca, es fea? Dilo, hijo de puta, dilo… ¿por qué nunca dices nada?
Round 14
Hablan a los origamis.
Mujer: Tropecé, me di en la cara
Marido: La mamá se resbaló
Mujer: No gritábamos mi amor
Marido: Hablábamos en voz alta
Mujer: Era la TV mi vida, él nunca me dijo puta
Marido: La mamá es bonita y dulce
Mujer: El papá es un hombre bueno
Marido: La mamá es ama de casa
Mujer: El papá llega cansado
Marido: La mamá siempre los cuida
Mujer: El papá es un hombre bueno
Marido: La mamá es una mujer
Mujer: Yo soy una mujer
¿Te duele?
César Brie
21
Van alzando la voz hasta que él no puede más.
Marido: Yo soy un hombre.
Mujer: Yo soy una mujer.
Marido: Yo soy un hombre.
Mujer: Yo soy una mujer.
Marido: Yo soy un hombre.
Mujer: Yo soy una mujer.
Marido: Yo soy un hombre.
El marido golpea el suelo con un cinturón gritando como desesperado. La mujer
reacciona con estremecimientos
Marido: Yo soy el hombre, carajo, yo llevo los pantalones… Te guste o no, no
me importa… (Golpes de cinturón) ¡¡Basta!! Basta con tantas preguntas.
Vuelvo cuando quiero y basta… (Golpes con cinturón) Si bebo, si bebo es para
soportarte, para juntar coraje y poder verte la cara. (Golpes con cinturón) ¿Están
durmiendo los chicos?
Sacude la cuerda con los origamis.
Que se despierten carajo, que vean quien es su padre.
Que tengan miedo, terror. Que se asusten y que lloren.
Mujer: No los toques, no los toques
Marido: Allí están, tú los quisiste. A ver si ellos te defienden (golpes a la mesa con
cinturón) Si me vas a refregar con los hijos en la cara (golpes a la mesa con cinturón
y tira el cinturón)
Mujer: No los toques, no los toques
Marido: A papá se le obedece.
Mujer: No los toques
Marido: Soy yo quien trae el dinero.
Mujer: No los toques, no los toques
Marido: Puta puta puta puta
Mujer: No los toques, no los toques.
Marido: Puta, puta, puta, puta
El marido arranca los origamis de un manotazo. Los deja caer y se va.
Round 15
Mujer: Por los niños… por el tiempo… los golpes…las esperanzas.
¿Te duele?
César Brie
Por los besos, las caricias, los partos, las hemorragias
por el amor, los desvelos, las fiebres, los hospitales
por la sed, la soledad, por la oscuridad y el frío.
Yo fui joven, yo fui bella, yo fui alegre, yo fui hermosa
Yo fui niña, jugué a la gallina ciega.
y a la mancha, al escondite, yo fui niña, yo fui niña.
El marido la alza, le hace trepar en la silla sobre la mesa.
La carga y se la lleva en procesión.
Marido: ¿Dónde vamos, dónde voy, dónde te llevo ahora?
¿Cómo fue? ¡Aquí estoy!
¿Qué pedías? ¿Qué pedí?
¿Que nos dieron? ¿Qué te dí?
¿Y ahora, y ahora? Ahora se acaba.
Cerrados los hospitales, están cerradas las casas,
el municipio también. Todas las puertas cerradas.
Que no entre el frío, ni el miedo, ni el lobo
ni el dolor, ni el infierno, que no entre nada
Aquí no ha pasado nada. Aquí no ha empezado nada.
Que los niños tiriten, que los sueños se pierdan.
¿Quién pinta las nubes? ¿Quien hace la cama? ¿La cama de quién?
Grita desesperado mientras da vueltas alrededor del ring. La luz se apaga.

6/5/16

EL PÚBLICO Federico García Lorca


EL PÚBLICO
Federico García Lorca

Drama en cinco cuadros
Personajes
(Por orden de intervención)
DIRECTOR
CRIADO
CABALLO BLANCO PRIMERO
CABALLO BLANCO SEGUNDO
CABALLO BLANCO TERCERO
CABALLO BLANCO CUARTO
HOMBRE PRIMERO
HOMBRE SEGUNDO
HOMBRE TERCERO
ARLEQUÍN DIRECTOR
MUJER EN PIJAMA
ELENA
FIGURA DE CASCABELES
FIGURA DE PÁMPANOS
NIÑO
EMPERADOR
CENTURIÓN
JULIETA
CABALLO NEGRO
EL TRAJE DE ARLEQUÍN
EL TRAJE DE BAILARINA
PASTOR BOBO
DESNUDO ROJO
ENFERMERO
ESTUDIANTE PRIMERO
ESTUDIANTE SEGUNDO
ESTUDIANTE TERCERO
ESTUDIANTE CUARTO
ESTUDIANTE QUINTO
DAMA PRIMERA
DAMA SEGUNDA
DAMA TERCERA
DAMA CUARTA
MUCHACHO
LADRÓN PRIMERO
LADRÓN SEGUNDO
TRASPUNTE
PRESTIDIGITADOR
SEÑORA

Cuadro primero

Cuarto del Director.

El Director sentado. Viste de chaqué. Decorado azul. Una gran mano impresa en la pared. Las ventanas son radiografías.

CRIADO. Señor.
DIRECTOR. ¿Qué?
CRIADO. Ahí está el público.
DIRECTOR. Que pase.
(Entran cuatro Caballos Blancos.)


DIRECTOR. ¿Qué desean? (Los Caballos tocan sus trompetas.) Esto sería si yo fuese un hombre con capacidad para el suspiro. ¡Mi teatro será siempre al aire libre! Pero yo he perdido toda mi fortuna. Si no, yo envenenaría el aire libre. Con una jeringuilla que quite la costra de la herida me basta. ¡Fuera de aquí!
¡Fuera de mi casa, caballos! Ya se ha inventado la cama para dormir con los caballos. (Llorando.) Caballitos míos.
LOS CABALLOS. (Llorando.) Por trescientas pesetas. Por doscientas pesetas, por un plato de sopa, por un frasco de perfume vacío. Por tu saliva, por un recorte de tus uñas.
DIRECTOR. ¡Fuera, fuera, fuera! (Toca un timbre.)
LOS CABALLOS. ¡Por nada! Antes te olían los pies y nosotros teníamos tres años. Esperábamos en el retrete, esperábamos detrás de las puertas y luego te llenábamos la cama de lágrimas. (Entra el Criado.)
DIRECTOR. ¡Dame un látigo!
LOS CABALLOS. Y tus zapatos estaban cocidos por el sudor, pero sabíamos comprender que la misma  relación tenía la luna con las manzanas podridas en la hierba.
DIRECTOR. (Al Criado.) ¡Abre las puertas!
LOS CABALLOS. No, no, no. ¡Abominable! Estás cubierto de vello y comes la cal de los muros que no es tuya.
CRIADO. No abro la puerta. Yo no quiero salir al teatro.
DIRECTOR. (Golpeándolo.) ¡Abre!
(Los Caballos sacan largas trompetas doradas y danzan lentamente al son de su canto.)
LOS CABALLOS I.° Y 2.° (Furiosos.) Abominable.
LOS CABALLOS 3.° Y 4.° Blenamiboá.
LOS CABALLOS I.° Y 2.° (Furiosos.) Abominable.
LOS CABALLOS. Blenamiboá.
(El Criado abre la puerta.)
DIRECTOR. ¡Teatro al aire libre! ¡Fuera! ¡Vamos! Teatro al aire libre. ¡Fuera de aquí! (Salen los Caballos. Al Criado.) Continúa. (Se sienta detrás de la mesa.)
CRIADO. Señor.
DIRECTOR. ¿Qué?
CRIADO. ¡El público!
DIRECTOR. Que pase.
(El Director cambia su peluca rubia por una morena. Entran tres Hombres vestidos de frac exactamente iguales. Llevan barbas oscuras.)
HOMBRE I ° ¿El señor Director del teatro al aire libre?
DIRECTOR. Servidor de usted.
HOMBRE I.° Venimos a felicitarle por su última obra.
DIRECTOR. Gracias.
HOMBRE 3.° Originalísima.
HOMBRE I.° ¡Y qué bonito título! Romeo y Julieta.
DIRECTOR. Un hombre y una mujer que se enamoran.
HOMBRE I.° Romeo puede ser una ave y Julieta puede ser una piedra. Romeo puede ser un grano de sal y Julieta puede ser un mapa.
DIRECTOR. Pero nunca dejarán de ser Romeo y Julieta.
HOMBRE I.° Y enamorados. ¿Usted cree que estaban enamorados?
DIRECTOR. Hombre... yo no estoy dentro...
HOMBRE I.° ¡Basta! ¡Basta! Usted mismo se denuncia.
HOMBRE 2.° (Al Hombre I.°) Ve con prudencia. Tú tienes la culpa. ¿Para qué vienes a la puerta de los teatros? Puedes llamar a un bosque y es fácil que éste abra el ruido de su savia para tus oídos. ¡Pero un teatro!
HOMBRE I.° Es a los teatros donde hay que llamar; es a los teatros, para...
HOMBRE 3.° Para que se sepa la verdad de las sepulturas.
HOMBRE 2.° Sepulturas con focos de gas, y anuncios, y largas filas de butacas.
DIRECTOR. Caballeros...
HOMBRE I.° Sí, sí. Director del teatro al aire libre, autor de Romeo y Julieta.
HOMBRE 2.° ¿Cómo orinaba Romeo, señor Director? ¿Es que no es bonito ver orinar a Romeo? ¿Cuántas veces fingió tirarse de la torre para ser apresado en la comedia de su sufrimiento? ¿Qué pasaba, señor Director, cuando no pasaba? ¿Y el sepulcro? ¿Por qué, en el final, no bajó usted las escaleras del sepulcro? Pudo usted haber visto un ángel que se llevaba el sexo de Romeo, mientras dejaba el otro, el suyo, el que le correspondía. Y si yo le digo que el personaje principal de todo fue una flor venenosa, ¿qué pensaría usted? Conteste.
DIRECTOR. Señores, no es ése el problema.
HOMBRE I.° (Interrumpiendo.) No hay otro. Tendremos necesidad de enterrar el teatro por la cobardía de todos, y tendré que darme un tiro.
HOMBRE 2.° ¡Gonzalo!
HOMBRE I.° (Lentamente.) Tendré que darme un tiro para inaugurar el verdadero teatro, el teatro bajo la arena.
DIRECTOR. Gonzalo...
HOMBRE I.° ¿Cómo?... (Pausa.)
DIRECTOR. (Reaccionando.) Pero no puedo. Se hundiría todo. Sería dejar ciegos a mis hijos y luego, ¿qué hago con el público? ¿Qué hago con el público si quito las barandas al puente? Vendría la máscara a devorarme. Yo vi una vez a un hombre devorado por la máscara. Los jóvenes más fuertes de la ciudad, con picas ensangrentadas, le hundían por el trasero grandes bolas de periódicos abandonados, y en América hubo una vez un muchacho a quien la máscara ahorcó colgado de sus propios intestinos.
HOMBRE I.° ¡Magnífico!
HOMBRE 2.° ¿Por qué no lo dice usted en el teatro?
HOMBRE 3.° ¿Eso es el principio de un argumento?
DIRECTOR. En todo caso un final.
HOMBRE 3.° Un final ocasionado por el miedo.
DIRECTOR. Está claro, señor. No me supondrá usted capaz de sacar la máscara a escena.
HOMBRE I.° ¿Por qué no?
DIRECTOR. ¿Y la moral? ¿Y el estómago de los espectadores?
HOMBRE I.° Hay personas que vomitan cuando se vuelve un pulpo del revés y otras que se ponen pálidas si oyen pronunciar con la debida intención la palabra cáncer; pero usted sabe que contra esto existe la hojalata, y el yeso, y la adorable mica, y en último caso el cartón, que están al alcance de todas las fortunas como medios expresivos. (Se levanta.) Pero usted lo que quiere es engañarnos. Engañarnos para que todo siga igual y nos sea imposible ayudar a los muertos. Usted tiene la culpa de que las moscas hayan caído en cuatro mil naranjadas que yo tenía dispuestas. Y otra vez tengo que empezar a romper las raíces.
DIRECTOR. (Levantándose.) Yo no discuto, señor. ¿Pero qué es lo que quiere de mí? ¿Trae usted una obra nueva?
HOMBRE I.° ¿Le parece a usted obra más nueva que nosotros con nuestras barbas... y usted?
DIRECTOR. ¿Y yo...?
3HOMBRE I.° Sí... usted.
HOMBRE 2.° ¡Gonzalo!
HOMBRE I.° (Mirando al Director.) Lo reconozco todavía y me parece estarlo viendo aquella mañana que encerró una liebre, que era un prodigio de velocidad, en una pequeña cartera de libros. Y otra vez, que se puso dos rosas en las orejas el primer día que descubrió el peinado con la raya en medio. Y tú, ¿me reconoces?
DIRECTOR. No es éste el argumento. ¡Por Dios! (A voces.) Elena, Elena.
(Corre a la puerta.)
HOMBRE I.° Pero te he de llevar al escenario, quieras o no quieras. Me has hecho sufrir demasiado.
¡Pronto! ¡El biombo! ¡El biombo! (El Hombre 3. ° saca un biombo y lo coloca en medio de la escena.)
DIRECTOR. (Llorando.) Me ha de ver el público. Se hundirá mi teatro. Yo había hecho los dramas mejores de la temporada, ¡pero ahora!...
(Suenan las trompetas de los Caballos. El Hombre I.° se dirige al fondo y abre la puerta.)
HOMBRE I.° Pasar adentro, con nosotros. Tenéis sitio en el drama. Todo el mundo. (Al Director.) Y tú, pasa por detrás del biombo.
(Los Hombres 2.° y 3.° empujan al Director. Éste pasa por el biombo y aparece por la otra esquina un Muchacho vestido de raso blanco con una gola Blanca al cuello. Debe ser una actriz. Lleva una Pequeña guitarrita negra.)
HOMBRE I.° ¡Enrique! ¡Enrique! (Se cubre la cara con las manos.)
HOMBRE 2.° No me hagas pasar a mí por el biombo. Déjame ya tranquilo. ¡Gonzalo!
DIRECTOR. (Frío y pulsando las cuerdas.) Gonzalo, te he de escupir mucho. Quiero escupirte y romperte el frac con unas tijeritas. Dame seda y aguja. Quiero bordar. No me gustan los tatuajes, pero lo quiero bordar con sedas.
HOMBRE 3.° (A los Caballos.) Tomad asiento donde queráis.
HOMBRE I.° (Llorando.) ¡Enrique! ¡Enrique!
DIRECTOR. Te bordaré sobre la carne y me gustará verte dormir en el tejado. ¿Cuánto dinero tienes en el bolsillo? ¡Quémalo! (El Hombre I.° enciende un fósforo y quema los billetes.) Nunca veo bien cómo desaparecen los dibujos en la llama.
¿No tienes más dinero? ¡Qué pobre eres, Gonzalo! ¿Y mi lápiz para los labios? ¿No tienes carmín? Es un fastidio.
HOMBRE 2.° (Tímido.) Yo tengo. (Se saca el lápiz por debajo de la barba y lo ofrece.)
DIRECTOR. Gracias... pero... ¿pero también tú estás aquí? ¡Al biombo! Tú también al biombo. ¿Y todavía lo soportas, Gonzalo?
(El Director empuja bruscamente al Hombre 2.°, y aparece por el otro extremo del biombo una Mujer vestida con pantalones de pijama negro y una corona de amapolas en la cabeza. Lleva en la mano unos impertinentes cubiertos por un bigote rubio que usará poniéndolo sobre su boca en algunos momentos del drama.)
HOMBRE 2.° (Secamente.) Dame el lápiz.
DIRECTOR. ¡Ja, ja, ja! ¡Oh Maximiliana, emperatriz de Baviera! ¡Oh mala mujer!
HOMBRE 2.° (Poniéndose el bigote sobre los labios.) Te recomendaría un poco de  Silencio.
DIRECTOR. ¡Oh mala mujer! ¡Elena! ¡Elena!
HOMBRE I.° (Fuerte.) No llames a Elena.
DIRECTOR. ¿Y por qué no? Me ha querido mucho cuando mi teatro estaba al aire libre. ¡Elena!
(Elena sale de la izquierda. Viste de griega. Lleva las cejas azules, el cabello blanco y los pies de yeso. El vestido, abierto totalmente por delante, deja ver sus muslos cubiertos con apretada malla rosada. El Hombre 2.° se lleva el bigote a los labios.)
ELENA. ¿Otra vez igual?
DIRECTOR. Otra vez.
HOMBRE 3.° ¿Por qué has salido, Elena? ¿Por qué has salido si no me vas a querer?
ELENA. ¿Quién te lo dijo? Pero ¿por qué me quieres tanto?
Yo te besaría los pies si tú me castigaras y te fueras con las otras mujeres. Pero tú me adoras demasiado a mí sola. Será necesario terminar de una vez.
DIRECTOR. (Al Hombre 3.°) ¿Y yo? ¿No te acuerdas de mí? ¿No te acuerdas de mis uñas arrancadas?
¿Cómo habría conocido a las otras y a ti no? ¿Por qué te he llamado, Elena? ¿Por qué te he llamado, suplicio mío?
ELENA. (Al Hombre 3.°) ¡Vete con él! Y confiésame ya la verdad que me ocultas. No me importa que estuvieras borracho y que te quieras justificar, pero tú lo has besado y has dormido en la misma cama.
HOMBRE 3.° ¡Elena! (Pasa rápidamente por detrás del biombo y aparece sin barba con la cara palidísima y un látigo en la mano. Lleva muñequeras de cuero con clavos dorados.)
HOMBRE 3.° (Azotando al Director.) Tú siempre hablas, tú siempre mientes y he de acabar contigo sin la menor misericordia.
LOS CABALLOS. ¡Misericordia! ¡Misericordia!
ELENA. Podías seguir golpeando un siglo entero y no creería en ti. (El Hombre 3.° se dirige a Elena y le aprieta las muñecas.) Podrías seguir un siglo entero atenazando mis dedos y no lograrías hacerme escapar un solo gemido.
HOMBRE 3.° ¡Veremos quién puede más!
ELENA. Yo y siempre yo.
(Aparece el Criado.)
ELENA. ¡Llévame pronto de aquí! ¡Contigo! ¡Llévame! (El Criado pasa por detrás del biombo y sale de la misma manera.)
¡Llévame! ¡Muy lejos! (El Criado la toma en brazos.)
DIRECTOR. Podemos empezar.
HOMBRE I.° Cuando quieras.
LOS CABALLOS. ¡Misericordia! ¡Misericordia!
(Los Caballos suenan sus largas trompetas. Los personajes están rígidos en sus puestos.)

Telón lento

Cuadro segundo

Ruina romana.

Una Figura, cubierta totalmente de Pámpanos rojos, toca una flauta sentada sobre un capitel. Otra Figura, cubierta de Cascabeles dorados, danza en el centro de la escena.


FIGURA DE CASCABELES. ¿Si yo me convirtiera en nube?
FIGURA DE PÁMPANOS. Yo me convertiría en ojo.
FIGURA DE CASCABELES. ¿Si yo me convirtiera en caca?
FIGURA DE PÁMPANOS. Yo me convertiría en mosca.
FIGURA DE CASCABELES. ¿Si yo me convirtiera en manzana?
FIGURA DE PÁMPANOS. Yo me convertiría en beso.
FIGURA DE CASCABELES. ¿Si yo me convirtiera en pecho?
FIGURA DE PÁMPANOS. Yo me convertiría en sábana blanca.
VOZ. (Sarcástica.) ¡Bravo!
FIGURA DE CASCABELES. ¿Y si yo me convirtiera en pez luna?
FIGURA DE PÁMPANOS. Yo me convertiría en cuchillo.
FIGURA DE CASCABELES. (Dejando de danzar.) Pero ¿por qué?, ¿por qué me atormentas? ¿Cómo no vienes conmigo, si me amas, hasta donde yo te lleve? Si yo me convirtiera en pez luna, tú te convertirías en ola de mar, o en alga, y si quieres algo muy lejano, porque no desees besarme, tú te convertirías en luna llena, ¡pero en cuchillo! Te gozas en interrumpir mi danza. Y danzando es la única manera que tengo de amarte.
FIGURA DE PÁMPANOS. Cuando rondas el lecho y los objetos de la casa te sigo, pero no te sigo a los sitios adonde tú, lleno de sagacidad, pretendes llevarme. Si tú te convirtieras en pez luna, yo te abriría con un cuchillo, porque soy un hombre, porque no soy nada más que eso, un hombre, más hombre que Adán, y quiero que tú seas aún más hombre que yo. Tan hombre que no haya ruido en las ramas cuando tú pases. Pero tú no eres un hombre. Si yo no tuviera esta flauta, te escaparías a la luna, a la luna cubierta de pañolitos de encaje y gotas de sangre de mujer.
FIGURA DE CASCABELES. (Tímidamente.) ¿Y si yo me convirtiera en hormiga?
FIGURA DE PÁMPANOS. (Enérgico.) Yo me convertiría en tierra.
FIGURA DE CASCABELES. (Más fuerte.) ¿Y si yo me convirtiera en tierra?
FIGURA DE PÁMPANOS. (Más débil.) Yo me convertiría en agua.
FIGURA DE CASCABELES. (Vibrante.) ¿Y si yo me convirtiera en agua?
FIGURA DE PÁMPANOS. (Desfallecido.) Yo me convertiría en pez luna.
FIGURA DE CASCABELES. (Tembloroso.) ¿Y si yo me convirtiera en pez luna?
FIGURA DE PÁMPANOS. (Levantándose.) Yo me convertiría en cuchillo. En un cuchillo afilado durante cuatro largas primaveras.
FIGURA DE CASCABELES. Llévame al baño y ahógame. Será la única manera de que puedas verme desnudo. ¿Te figuras que tengo miedo a la sangre? Sé la manera de dominarte. ¿Crees que no te conozco?
De dominarte tanto que si yo dijera: «¿si yo me convirtiera en pez luna?», tú me contestarías: «yo me convertiría en una bolsa de huevas pequeñitas».
FIGURA DE PÁMPANOS. Toma un hacha y córtame las piernas. Deja que vengan los insectos de la ruina y vete. Porque te desprecio. Quisiera que tú calaras hasta lo hondo. Te escupo.
FIGURA DE CASCABELES. ¿Lo quieres? Adiós. Estoy tranquilo. Si voy bajando por la ruina iré encontrando amor y cada vez más amor.
FIGURA DE PÁMPANOS. (Angustiado.) ¿Dónde vas? ¿Dónde vas?
FIGURA DE CASCABELES. ¿No deseas que me vaya?
FIGURA DE PÁMPANOS. (Con voz débil.) No, no te vayas. ¿Y si yo me convirtiera en un granito de arena?
FIGURA DE CASCABELES. Yo me convertiría en un látigo.
FIGURA DE PÁMPANOS. ¿Y si yo me convirtiera en una bolsa de huevas pequeñitas?
FIGURA DE CASCABELES. Yo me convertiría en otro látigo. Un látigo hecho con cuerdas de guitarra.
FIGURA DE PÁMPANOS. ¡No me azotes!
FIGURA DE CASCABELES. Un látigo hecho con maromas de barco.
FIGURA DE PÁMPANOS. ¡No me golpees el vientre!
FIGURA DE CASCABELES. Un látigo hecho con los estambres de una orquídea.
FIGURA DE PÁMPANOS. ¡Acabarás por dejarme ciego!
FIGURA DE CASCABELES. Ciego, porque no eres hombre. Yo sí soy un hombre. Un hombre, tan hombre, que me desmayo cuando se despiertan los cazadores. Un hombre, tan hombre, que siento un dolor agudo en los dientes cuando alguien quiebra un tallo, por diminuto que sea. Un gigante. Un gigante, tan gigante, que puedo bordar una rosa en la uña de un niño recién nacido.
FIGURA DE PÁMPANOS. Estoy esperando la noche, angustiado por el blancor de la ruina, para poder arrastrarme a tus pies.
FIGURA DE CASCABELES. No. No. ¿Por qué me dices eso? Eres tú quien me debes obligar a mí para que lo haga. ¿No eres tú un hombre? ¿Un hombre más hombre que Adán?
FIGURA DE PÁMPANOS. (Cayendo al suelo.) ¡Ay! ¡Ay!
FIGURA DE CASCABELES. (Acercándose en voz baja.) ¿Y si yo me convirtiera en capitel?
FIGURA DE PÁMPANOS. ¡Ay de mí!
FIGURA DE CASCABELES. Tú te convertirías en sombra de capitel y nada más. Y luego vendría Elena a
mi cama. Elena, ¡corazón mío! Mientras tú, debajo de los cojines, estarías tendido lleno de sudor, un sudor que no sería tuyo, que sería de los cocheros, de los fogoneros y de los médicos que operan el cáncer. Y entonces yo me convertiría en pez luna y tú no serías ya nada más que una pequeña polvera que pasa de mano en mano.
FIGURA DE PÁMPANOS. ¡Ay!
FIGURA DE CASCABELES. ¿Otra vez? ¿Otra vez estás llorando? Tendré necesidad de desmayarme para que vengan los campesinos. Tendré necesidad de llamar a los negros, a los enormes negros heridos por las navajas de las yucas que luchan día y noche con el fango de los ríos. Levántate del suelo, cobarde.
Ayer estuve en casa del fundidor y encargué una cadena. ¡No te alejes de mí! Una cadena. Y estuve toda la noche llorando porque me dolían las muñecas y los tobillos y, sin embargo, no la tenía puesta. (La Figura de Pámpanos toca un silbato de plata.) ¿Qué haces? (Suena el silbato otra vez.) Ya sé lo que deseas, pero tengo tiempo de huir.
FIGURA DE PÁMPANOS. (Levantándose.) Huye si quieres.
FIGURA DE CASCABELES. Me defenderé con las hierbas.
FIGURA DE PÁMPANOS. Prueba a defenderte. (Suena el silbato. Del techo cae un Niño vestido con una malla roja.)
NIÑO. ¡El Emperador! ¡El Emperador! ¡El Emperador!
FIGURA DE PÁMPANOS. El Emperador.
FIGURA DE CASCABELES. Yo haré tu papel. No te descubras. Me costaría la vida.
NIÑO. ¡El Emperador! ¡El Emperador! ¡El Emperador!
FIGURA DE CASCABELES. Todo entre nosotros era un juego. Jugábamos. Y ahora yo serviré al Emperador fingiendo la voz tuya. Tú puedes tenderte detrás de aquel gran capitel. No te lo había dicho nunca. Allí hay una vaca que guisa la comida para los soldados.
FIGURA DE PÁMPANOS. ¡El Emperador! Ya no hay remedio. Tú has roto el hilo de la araña y ya siento que mis grandes pies se van volviendo pequeñitos y repugnantes.
FIGURA DE CASCABELES. ¿Quieres un poco de té? ¿Dónde podría encontrar una bebida caliente en esta ruina?
NIÑO. (En el suelo.) ¡El Emperador! ¡El Emperador! ¡El Emperador!
(Suena una trompa y aparece el Emperador de los romanos. Con él viene un Centurión de túnica amarilla y carne gris. Detrás vienen los cuatro Caballos con sus trompetas. El Niño se dirige al Emperador. Éste lo toma en sus brazos y se pierden en los capiteles.)
CENTURIÓN. El Emperador busca a uno.
FIGURA DE PÁMPANOS. Uno soy yo.
FIGURA DE CASCABELES. Uno soy yo.
CENTURIÓN. ¿Cuál de los dos?
FIGURA DE PÁMPANOS. Yo.
FIGURA DE CASCABELES. Yo.
CENTURIÓN. El Emperador adivinará cuál de los dos es uno. Con un cuchillo o con un salivazo.
¡Malditos seáis todos los de vuestra casta! Por vuestra culpa estoy yo corriendo caminos y durmiendo sobre la arena. Mi mujer es hermosa como una montaña. Pare por cuatro o cinco sitios a la vez y ronca al mediodía debajo de los árboles. Yo tengo doscientos hijos. Y tendré todavía muchos más. ¡Maldita sea vuestra casta!
(El Centurión escupe y canta. Un grito largo y sostenido se oye detrás de las columnas. Aparece el Emperador limpiándose la frente. Se quita unos guantes negros; después unos guantes rojos y aparecen sus manos de una blancura clásica.)
EMPERADOR. (Displicente.) ¿Cuál de los dos es uno?
FIGURA DE CASCABELES. Yo soy, señor.
EMPERADOR. Uno es uno y siempre uno. He degollado más de cuarenta muchachos que no lo quisieron decir.
CENTURIÓN. (Escupiendo.) Uno es uno y nada más que uno.
EMPERADOR. Y no hay dos.
CENTURIÓN. Porque si hubiera dos no estaría el Emperador buscando por los caminos.
EMPERADOR. (Al Centurión.) ¡Desnúdalos!
FIGURA DE CASCABELES. Yo soy uno, señor. Ése es el mendigo de las ruinas. Se alimenta con raíces.
EMPERADOR. Aparta.
FIGURA DE PÁMPANOS. Tú me conoces. Tú sabes quién soy. (Se despoja de los pámpanos y aparece un desnudo blanco de yeso.)
EMPERADOR. (Abrazándolo.) Uno es uno.
FIGURA DE PÁMPANOS. Y siempre uno. Si me besas yo abriré mi boca para clavarme después tu espada en el cuello.
EMPERADOR. Así lo haré.
FIGURA DE PÁMPANOS. Y deja mi cabeza de amor en la ruina. La cabeza de uno que fue siempre uno.
EMPERADOR. (Suspirando.) Uno.
CENTURIÓN. (Al Emperador.) Difícil es, pero ahí lo tienes.
FIGURA DE PÁMPANOS. Lo tiene porque nunca lo podrá tener.
FIGURA DE CASCABELES. ¡Traición! ¡Traición!
CENTURIÓN. ¡Cállate, rata vieja! ¡Hijo de la escoba!
FIGURA DE CASCABELES. ¡Gonzalo! ¡Ayúdame, Gonzalo!
(La Figura de Cascabeles tira de una columna y ésta se desdobla en el biombo blanco de la primera escena. Por detrás salen los tres Hombres barbados y el Director de escena.)
HOMBRE I.° ¡Traición!
FIGURA DE CASCABELES. ¡Nos ha traicionado!
DIRECTOR. ¡Traición!
(El Emperador está abrazado a la Figura de Pámpanos.)
Telón



Cuadro tercero

Muro de arena. A la izquierda, y pintada sobre el muro, una luna transparente casi de gelatina. En el centro, una inmensa hoja verde lanceolada.

HOMBRE I.° (Entrando.) No es esto lo que hace falta. Después de lo que ha pasado, sería injusto que yo volviese otra vez para hablar con los niños y observar la alegría del cielo.
HOMBRE 2.° Mal sitio es éste.
DIRECTOR. ¿Habéis presenciado la lucha?
HOMBRE 3.° (Entrando.) Debieron morir los dos. No he presenciado nunca un festín más sangriento.
HOMBRE I.° Dos leones. Dos semidioses.
HOMBRE 2.° Dos semidioses si no tuvieran ano.
HOMBRE I.° Pero el ano es el castigo del hombre. El ano es el fracaso del hombre, es su vergüenza y su muerte. Los dos tenían ano y ninguno de los dos podía luchar con la belleza pura de los mármoles que brillaban conservando deseos íntimos defendidos por una superficie intachable.
HOMBRE 3.° Cuando sale la luna, los niños del campo se reúnen para defecar.
HOMBRE I.° Y detrás de los juncos, a la orilla fresca de los remansos, hemos encontrado la huella del hombre que hace horrible la libertad de los desnudos.
HOMBRE 3.° Debieron morir los dos.
HOMBRE I.° (Enérgico.) Debieron vencer.
HOMBRE 3.° ¿Cómo?
HOMBRE I.° Siendo hombres los dos y no dejándose arrastrar por los falsos deseos. Siendo íntegramente hombres. ¿Es que un hombre puede dejar de serlo nunca?
HOMBRE 2.° ¡Gonzalo!
HOMBRE I.° Han sido vencidos y ahora todo será para burla y escarnio de la gente.
HOMBRE 3.° Ninguno de los dos era un hombre. Como no lo sois vosotros tampoco. Estoy asqueado de vuestra compañía.
HOMBRE I.° Ahí detrás, en la última parte del festín, está el Emperador. ¿Por qué no sales y lo estrangulas? Reconozco tu valor tanto como justifico tu belleza. ¿Cómo no te precipitas y con tus mismos dientes le devoras el cuello?
DIRECTOR. ¿Por qué no lo haces tú?
HOMBRE I.° Porque no puedo, porque no quiero, porque soy débil.
DIRECTOR. Pero él puede, él quiere, él es fuerte. (En alta voz.) ¡El Emperador está en la ruina!
HOMBRE 3.° Que vaya el que quiera respirar su aliento.
HOMBRE I.° ¡Tú!
HOMBRE 3.° Sólo podría convenceros si tuviera mi látigo.
HOMBRE I.° Sabes que no te resisto, pero te desprecio por cobarde.
HOMBRE 2.° ¡Por cobarde!
DIRECTOR. (Fuerte y mirando al Hombre 3.°) ¡El Emperador que bebe nuestra sangre está en la ruina!
(El Hombre 3.° se tapa la cara con las manos.)
HOMBRE I.° (Al Director.) Ése es, ¿lo conoces ya? Ése es el valiente que en el café y en el libro nos va arrollando las venas en largas espinas de pez. Ése es el hombre que ama al Emperador en soledad y lo busca en las tabernas de los puertos. Enrique, mira bien sus ojos. Mira qué pequeños racimos de uvas bajan por sus hombros. A mí no me engaña. Pero ahora yo voy a matar al Emperador. Sin cuchillo, con estas manos quebradizas que me envidian todas las mujeres.
DIRECTOR. ¡No, que irá él! Espera un poco. (El Hombre se sienta en una silla y llora.)
HOMBRE 3.° ¡No podría estrenar mi pijama de nubes! ¡Ay! Vosotros no sabéis que yo he descubierto una bebida maravillosa que solamente conocen algunos negros de Honduras.
DIRECTOR. Es en un pantano podrido donde debemos estar y no aquí. Bajo el légamo donde se consumen las ranas muertas.
HOMBRE 2.° (Abrazando al Hombre I.°) Gonzalo, ¿por qué lo amas tanto?
HOMBRE I.° (Al Director.) ¡Te traeré la cabeza del Emperador!
DIRECTOR. Será el mejor regalo para Elena.
HOMBRE 2.° Quédate, Gonzalo, y permite que te lave los pies.
HOMBRE I.° La cabeza del Emperador quema los cuerpos de todas las mujeres.
DIRECTOR. (Al Hombre I.°) Pero tú no sabes que Elena puede pulir sus manos dentro del fósforo y la cal viva. ¡Vete con el cuchillo! ¡Elena, Elena, corazón mío!
HOMBRE 3.° ¡Corazón mío de siempre! Nadie nombre aquí a Elena.
DIRECTOR. (Temblando.) Nadie la nombre. Es mucho mejor que nos serenemos. Olvidando el teatro será posible. Nadie la nombre.
HOMBRE I.° Elena.
DIRECTOR. (Al Hombre I.°) ¡Calla! Luego, yo estaré esperando detrás de los muros del gran almacén.
Calla.
HOMBRE I.° Prefiero acabar de una vez. ¡Elena! (Inicia el mutis.)
DIRECTOR. Oye, ¿y si yo me convirtiera en un pequeño enano de jazmines?
HOMBRE 2.° (Al Hombre I.°) ¡Vamos! ¡No te dejes engañar! Yo te acompaño a la ruina.
DIRECTOR. (Abrazando al Hombre I.°) Me convertiría en una píldora de anís, una píldora donde estarían exprimidos los juncos de todos los ríos, y tú serías una gran montaña china cubierta de vivas arpas diminutas.
HOMBRE I.° (Entornando los ojos.) No, no. Yo entonces no sería una montaña china. Yo sería un odre de vino antiguo que llena de sanguijuelas la garganta. (Luchan.)
HOMBRE 3.° Tendremos necesidad de separarlos.
HOMBRE 2.° Para que no se devoren.
HOMBRE 3.° Aunque yo encontraría mi libertad.
(El Director y el Hombre I.° luchan sordamente.)
HOMBRE 2.° Pero yo encontraría mi muerte.
HOMBRE 3.° Si yo tengo un esclavo...
HOMBRE 2.° Es porque yo soy un esclavo.
HOMBRE 3.° Pero, esclavos los dos, de modo distinto podemos romper las cadenas.
HOMBRE I.° ¡Llamaré a Elena!
DIRECTOR. ¡Llamaré a Elena!
HOMBRE I.° ¡No, por favor!
DIRECTOR. No, no la llames. Yo me convertiré en lo que tú desees.
(Desaparecen luchando por la derecha.)
HOMBRE 3.° Podemos empujarlos y caerán al pozo. Así tú y yo quedaremos libres.
HOMBRE 2.° Tú, libre. Yo, más esclavo todavía.
HOMBRE 3.° No importa. Yo les empujo. Estoy deseando vivir en mi tierra verde, ser pastor, beber el agua de la roca.
HOMBRE 2.° Te olvidas de que soy fuerte cuando quiero. Era yo un niño y uncía los bueyes de mi padre.
Aunque mis huesos estén cubiertos de pequeñísimas orquídeas, tengo una capa de músculos que utilizo cuando quiero.
HOMBRE 3.° (Suave.) Es mucho mejor para ellos y para nosotros. ¡Vamos! El pozo es profundo.
HOMBRE 2.o ¡No te dejare!
(Luchan. El Hombre 2.° empuja al Hombre 3.° y desaparecen por el lado opuesto. El muro se abre y aparece el sepulcro de Julieta en Verona.
Decoración realista. Rosales y yedras. Luna. Julieta está tendida en el sepulcro. Viste un traje blanco de ópera. Lleva al aire sus dos senos de celuloide rosado.)

JULIETA. (Saltando del sepulcro.) Por favor. No he tropezado con una amiga en todo el tiempo, a pesar de haber cruzado más de tres mil arcos vacíos. Un poco de ayuda, por favor. Un poco de ayuda y un mar de sueño. (Canta.)

Un mar de sueño.
Un mar de tierra blanca
y los arcos vacíos por el cielo.
Mi cola por las naves, por las algas.
Mi cola por el tiempo.
Un mar de tiempo.
Playa de los gusanos leñadores
y delfín de cristal por los cerezos.
¡Oh puro amianto de final! ¡Oh ruina!
¡Oh soledad sin arco! ¡Mar de sueño!

(Un tumulto de espadas y voces surge al fondo de la escena.)

JULIETA. Cada vez más gente. Acabarán por invadir mi sepulcro y ocupar mi propia cama. A mí no me importan las discusiones sobre el amor ni el teatro. Yo lo que quiero es amar.
CABALLO BLANCO I.° (Apareciendo. Trae una espada en la mano.) ¡Amar!
JULIETA. Sí. Con amor que dura sólo un momento.
CABALLO BLANCO I.° Te he esperado en el jardín.
JULIETA. Dirás en el sepulcro.
CABALLO BLANCO I.° Sigues tan loca como siempre. Julieta, ¿cuándo podrás darte cuenta de la perfección de un día? Un día con mañana y con tarde.
JULIETA. Y con noche.
CABALLO BLANCO I.° La noche no es el día. Y en un día lograrás quitarte la angustia y ahuyentar las impasibles paredes de mármol.
JULIETA. ¿Cómo?
CABALLO BLANCO I.° Monta en mi grupa.
JULIETA. ¿Para qué?
CABALLO BLANCO I.° (Acercándose.) Para llevarte.
JULIETA. ¿Dónde?
CABALLO BLANCO I.° A lo oscuro. En lo oscuro hay ramas suaves. El cementerio de las alas tiene mil superficies de espesor.
JULIETA. (Temblando.) ¿Y qué me darás allí?
CABALLO BLANCO I.° Te daré lo más callado de lo oscuro.
JULIETA. ¿El día?
CABALLO BLANCO I.° El musgo sin luz. El tacto que devora pequeños mundos con las yemas de los dedos.
JULIETA. ¿Eras tú el que ibas a enseñarme la perfección de un día?
CABALLO BLANCO I.° Para pasarte a la noche.
JULIETA. (Furiosa.) ¿Y qué tengo yo, caballo idiota, que ver con la noche? ¿Qué tengo yo que aprender de sus estrellas o de sus borrachos? Será preciso que use veneno de rata para librarme de gente molesta.
Pero yo no quiero matar a las ratas. Ellas traen para mí pequeños pianos y escobillas de laca.
CABALLO BLANCO I.° Julieta, la noche no es un momento, pero un momento puede durar toda la noche.
JULIETA. (Llorando.) Basta. No quiero oírte más. ¿Para qué quieres llevarme? Es el engaño la palabra del amor, el espejo roto, el paso en el agua. Después me dejarías en el sepulcro otra vez, como todos hacen tratando de convencer a los que escuchan de que el verdadero amor es imposible. Ya estoy cansada. Y me levanto a pedir auxilio para arrojar de mi sepulcro a los que teorizan sobre mi corazón y a los que me abren la boca con pequeñas pinzas de mármol.
CABALLO BLANCO I.° El día es un fantasma que se sienta.
JULIETA. Pero yo he conocido mujeres muertas por el sol.
CABALLO BLANCO I.° Comprende bien: un solo día para amar todas las noches.
JULIETA. ¡Lo de todos! ¡Lo de todos! Lo de los hombres, lo de los árboles, lo de los caballos. Todo lo que quieres enseñarme lo conozco perfectamente. La luna empuja de modo suave las casas deshabitadas, provoca la caída de las columnas y ofrece a los gusanos diminutas antorchas para entrar en el interior de las cerezas. La luna lleva a las alcobas las caretas de la meningitis, llena de agua fría los vientres de las embarazadas, y apenas me descuido arroja puñados de hierba sobre mis hombros. No me mires, caballo, con ese deseo que tan bien conozco. Cuando era muy pequeña, yo veía en Verona a las hermosas vacas pacer en los prados. Luego las veía pintadas en mis libros, pero las recordaba siempre al pasar por las carnicerías.
CABALLO BLANCO I.° Amor que sólo dura un momento.
JULIETA. Sí, un minuto; y Julieta, viva, alegrísima, libre del punzante enjambre de lupas. Julieta en el comienzo, Julieta a la orilla de la ciudad.
(El tumulto de voces y espadas vuelve a surgir en el fondo de la escena.)
CABALLO BLANCO I.°
Amor. Amar. Amor.
Amor del caracol, col, col, col,
que saca los cuernos al sol.
Amar. Amor. Amar
del caballo que lame
la bola de sal.
(Baila.)
JULIETA. Ayer eran cuarenta y estaba dormida. Venían las arañas, venían las niñas y la joven violada por el perro tapándose con los geranios, pero yo continuaba tranquila. Cuando las ninfas hablan del queso, éste puede ser de leche de sirena o de trébol, pero ahora son cuatro, son cuatro muchachos los que me han querido poner un falito de barro y estaban decididos a pintarme un bigote de tinta.
CABALLO BLANCO I.°
Amor. Amar. Amor.
Amor de Ginido con el cabrón,
y de la mula con el caracol, col, col, col,
que saca los cuernos al sol.
Amar. Amor. Amar
de Júpiter en el establo con el pavo real
y el caballo que relincha dentro de la catedral.
JULIETA. Cuatro muchachos, caballo. Hacía mucho tiempo que sentía el ruido del juego, pero no he despertado hasta que brillaban los cuchillos.
(Aparece el Caballo Negro. Lleva un penacho de plumas del mismo color y una rueda en la mano.)
CABALLO NEGRO. ¿Cuatro muchachos? Todo el mundo. Una tierra de asfódelos y otra tierra de semillas. Los muertos siguen discutiendo y los vivos utilizan el bisturí. Todo el mundo.
CABALLO BLANCO I.° A las orillas del Mar Muerto nacen unas bellas manzanas de ceniza, pero la ceniza es buena.
CABALLO NEGRO. ¡Oh frescura! ¡Oh pulpa! ¡Oh rocío! Yo como ceniza.
JULIETA. No, no es buena la ceniza. ¿Quién habla de ceniza?
CABALLO BLANCO I.° No hablo de ceniza. Hablo de la ceniza que tiene forma de manzana.
CABALLO NEGRO. Forma, ¡forma! Ansia de la sangre.
JULIETA. Tumulto.
CABALLO NEGRO. Ansia de la sangre y hastío de la rueda.
(Aparecen los tres Caballos Blancos; traen largos bastones de laca negra.)
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Forma y ceniza. Ceniza y forma. Espejo. Y el que pueda acabar queponga un pan de oro.
JULIETA. (Retorciéndose las manos.) Forma y ceniza.
CABALLO NEGRO. Sí. Ya sabéis lo bien que degüello las palomas. Cuando se dice roca yo entiendo aire.
Cuando se dice aire yo entiendo vacío. Cuando se dice vacío yo entiendo paloma degollada.
CABALLO BLANCO I.°
Amor. Amor. Amor
de la luna con el cascarón,
de la yema con la luna
y la nube con el cascarón.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. (Golpeando el suelo con sus bastones.)
Amor. Amor. Amor
de la boñiga con el sol,
del sol con la vaca muerta
y el escarabajo con el sol.
CABALLO NEGRO. Por mucho que mováis los bastones las cosas no sucederán sino como tienen que suceder. ¡Malditos! ¡Escandalosos! He de recorrer el bosque en busca de resina varias veces a la semana, por culpa vuestra, para tapar y restaurar el silencio que me pertenece. (Persuasivo.) Vete, Julieta. Te he puesto sábanas de hilo. Ahora empezará a caer una lluvia fina coronada de yedras que mojará los cielos y las paredes.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Tenemos tres bastones negros.
CABALLO BLANCO I.° Y una espada.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. (A Julieta.) Hemos de pasar por tu vientre para encontrar la resurrección de los caballos.
CABALLO NEGRO. Julieta, son las tres de la madrugada; si te descuidas, las gentes cerrarán la puerta y no podrás pasar.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Le queda el prado y el horizonte de montañas.
CABALLO NEGRO. Julieta, no hagas ningún caso. En el prado está el campesino que se come los mocos, el enorme pie que machaca al ratoncito, y el ejército de lombrices que moja de babas la hierba viciosa.
CABALLO BLANCO I.° Le quedan sus pechitos duros y, además, ya se ha inventado la cama para dormir con los caballos.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. (Agitando los bastones.) Y queremos acostarnos.
CABALLO BLANCO I.° Con Julieta. Yo estaba en el sepulcro la última noche y sé todo lo que pasó.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. (Furiosos.) ¡Queremos acostarnos!
CABALLO BLANCO I.° Porque somos caballos verdaderos, caballos de coche que hemos roto con las vergas la madera de los pesebres y las ventanas del establo.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Desnúdate, Julieta, y deja al aire tu grupa para el azote de nuestras colas. ¡Queremos resucitar! (Julieta se refugia con el Caballo Negro.)
CABALLO NEGRO. ¡Loca, más que loca!
JULIETA. (Rehaciéndose.) No os tengo miedo. ¿Queréis acostaros conmigo? ¿Verdad? Pues ahora soy yo la que quiere acostarse con vosotros, pero yo mando, yo dirijo, yo os monto, yo os corto las crines con mis tijeras.
CABALLO NEGRO. ¿Quién pasa a través de quién? ¡Oh amor, amor, que necesitas pasar tu luz por los calores oscuros! ¡Oh mar apoyado en la penumbra y flor en el culo del muerto!
JULIETA. (Enérgica.) No soy yo una esclava para que me hinquen punzones de ámbar en los senos ni un oráculo para los que tiemblan de amor a la salida de las ciudades. Todo mi sueño ha sido con el olor de la higuera y la cintura del que corta las espigas. ¡Nadie a través de mí! ¡Yo a través de vosotros!
CABALLO NEGRO. Duerme, duerme, duerme.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. (Empuñan los bastones y por las conteras de éstos saltan tres chorros de agua.) Te orinamos, te orinamos. Te orinamos como orinamos a las yeguas, como la cabra orina el hocico del macho y el cielo orina a las magnolias para ponerlas de cuero.
CABALLO NEGRO. (A Julieta.) A tu sitio. Que nadie pase a través de ti.
JULIETA. ¿Me he de callar entonces? Un niño recién nacido es hermoso.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Es hermoso. Y arrastraría la cola por todo el cielo.
(Aparece por la derecha el Hombre I.° con el Director de escena. El Director de escena viene, como en el primer acto, transformado en un Arlequín blanco.)
HOMBRE I.° ¡Basta, señores!
DIRECTOR. ¡Teatro al aire libre!
CABALLO BLANCO I.° No. Ahora hemos inaugurado el verdadero teatro. El teatro bajo la arena.
CABALLO NEGRO. Para que se sepa la verdad de las sepulturas.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Sepulturas con anuncios, focos de gas y largas filas de butacas.
HOMBRE I.° ¡Sí! Ya hemos dado el primer paso. Pero yo sé positivamente que tres de vosotros se ocultan, que tres de vosotros nadan todavía en la superficie. (Los tres Caballos Blancos se agrupan inquietos.)
Acostumbrados al látigo de los cocheros y a las tenazas de los herradores tenéis miedo de la verdad.
CABALLO NEGRO: Cuando se hayan quitado el último traje de sangre, la verdad será una ortiga, un cangrejo devorado, o un trozo de cuero detrás de los cristales.
HOMBRE I.° Deben desaparecer inmediatamente de este sitio. Ellos tienen miedo del público. Yo sé la verdad, yo sé que ellos no buscan a Julieta, y ocultan un deseo que me hiere y que leo en sus ojos.
CABALLO NEGRO. No un deseo; todos los deseos. Como tú.
HOMBRE I.° Yo no tengo más que un deseo.
CABALLO BLANCO I.° Como los caballos, nadie olvida su máscara.
HOMBRE I.° Yo no tengo máscara.
DIRECTOR. No hay más que máscara. Tenía yo razón, Gonzalo. Si burlamos la máscara, ésta nos colgará de un árbol como al muchacho de América.
JULIETA. (Llorando.) ¡Máscara!
CABALLO BLANCO I.° Forma.
DIRECTOR. En medio de la calle la máscara nos abrocha los botones y evita el rubor imprudente que a veces surge en las mejillas. En la alcoba, cuando nos metemos los dedos en las narices, o nos exploramos delicadamente el trasero, el yeso de la máscara oprime de tal forma nuestra carne que apenas si podemos tendernos en el lecho.
HOMBRE I.° (Al Director.) Mi lucha ha sido con la máscara hasta conseguir verte desnudo. (Lo abraza.)
CABALLO BLANCO I.° (Burlón.) Un lago es una superficie.
HOMBRE I.° (Irritado.) ¡O un volumen!
CABALLO BLANCO I.° (Riendo.) Un volumen son mil superficies.
DIRECTOR. (Al Hombre I.°) No me abraces, Gonzalo. Tu amor vive sólo en presencia de testigos. ¿No me has besado lo bastante en la ruina? Desprecio tu elegancia y tu teatro. (Luchan.)
HOMBRE I.° Te amo delante de los otros porque abomino de la máscara y porque ya he conseguido arrancártela.
DIRECTOR. ¿Por qué soy tan débil?
HOMBRE I.° (Luchando.) Te amo.
DIRECTOR. (Luchando.) Te escupo.
JULIETA. ¡Están luchando!
CABALLO NEGRO. Se aman.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS.
Amor, amor, amor.
Amor del uno con el dos
y amor del tres que se ahoga
por ser uno entre los dos.
HOMBRE I.° Desnudaré tu esqueleto.
DIRECTOR. Mi esqueleto tiene siete luces.
HOMBRE I.° Fáciles para mis siete manos.
DIRECTOR. Mi esqueleto tiene siete sombras.
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. Déjalo, déjalo.
CABALLO BLANCO I.° (Al Hombre I.°) Te ordeno que lo dejes.
(Los Caballos separan al Hombre I.° y al Director.)
DIRECTOR. Esclavo del león, puedo ser amigo del caballo.
CABALLO BLANCO I.° (Abrazándolo.) Amor.
DIRECTOR. Meteré las manos en las grandes bolsas para arrojar al fango las monedas y las sumas llenas de miguitas de pan.
JULIETA. (Al Caballo Negro.) ¡Por favor!
CABALLO NEGRO. (Inquieto.) Espera.
HOMBRE I.° No ha llegado la hora todavía de que los caballos se lleven un desnudo que yo he hecho blanco a fuerza de lágrimas.
(Los tres Caballos Blancos detienen al Hombre I.°)
HOMBRE I.° ¡Enrique!
DIRECTOR. ¿Enrique? Ahí tienes a Enrique. (Se quita rápidamente el traje y lo tira detrás de una columna. Debajo lleva un sutilísimo Traje de Bailarina. Por detrás de la columna aparece el Traje de Enrique. Este personaje es el mismo Arlequín Blanco con una careta amarillo pálido.)
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. Tengo frío. Luz eléctrica. Pan. Estaban quemando goma. (Queda rígido.)
DIRECTOR. (Al Hombre I.°) ¿No vendrás ahora conmigo? ¡Con la Guillermina de los caballos!
CABALLO BLANCO I.° Luna y raposa y botella de las tabernillas.
DIRECTOR. Pasaréis vosotros, y los barcos, y los regimientos y, si quieren, las cigüeñas pueden pasar también. ¡Ancha soy!
LOS TRES CABALLOS BLANCOS. ¡Guillermina!
DIRECTOR. No Guillermina. Yo no soy Guillermina. Yo soy la Dominga de los negritos. (Se arranca las gasas y aparece vestido con un maillot todo lleno de pequeños cascabeles. Lo arroja detrás de la columna y desaparece seguido de los Caballos. Entonces aparece el personaje Traje de Bailarina.)
EL TRAJE DE BAILARINA. Gui-guiller-guillermi-guillermina. Na-nami-namiller-namillergui. Dejadme
entrar o dejadme salir. (Cae al suelo dormida.)
HOMBRE I.° ¡Enrique, ten cuidado con las escaleras!
DIRECTOR. (Fuera.) ¡Luna y raposa de los marineros borrachos!
JULIETA. (Al Caballo Negro.) Dame la medicina para dormir.
CABALLO NEGRO. Arena.
HOMBRE I.° (Gritando.) ¡En pez luna; sólo deseo que tú seas un pez luna! ¡Que te conviertas en un pez luna! (Sale detrás violentamente.)
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. Enrique. Luz eléctrica. Pan. Estaban quemando goma.
(Aparecen por la izquierda el Hombre 3.° y el Hombre 2.° El Hombre 2.° es la mujer del Pijama Negro y las amapolas del cuadro I. E1 Hombre 3.°, sin transformar.)
HOMBRE 2.° Me quiere tanto que si nos ve juntos,  sería capaz de asesinarnos. Vamos. Ahora yo te serviré
para siempre.
HOMBRE 3.° Tu belleza era hermosa por debajo de las columnas.
JULIETA. (A la pareja.) Vamos a cerrar la puerta.
HOMBRE 2.° La puerta del teatro no se cierra nunca.
JULIETA. Llueve mucho, amiga mía.
(Empieza a llover. El Hombre 3. ° saca del bolsillo una careta de ardiente expresión y se cubre el rostro.)
HOMBRE 3.° (Galante.) ¿Y no pudiera quedarme a dormir en este sitio?
JULIETA. ¿Para qué?
HOMBRE 3.° Para gozarte. (Habla con ella.)
HOMBRE 2.° (Al Caballo Negro.) ¿Vio salir a un hombre con barba negra, moreno, al que le chillaban un poco los zapatos de charol?
CABALLO NEGRO. No lo vi.
HOMBRE 3.° (A Julieta.) ¿Y quién mejor que yo para defenderte?
JULIETA. ¿Y quién más digna de amor que tu amiga?
HOMBRE 3.° ¿Mi amiga? (Furioso.) ¡Siempre por vuestra culpa pierdo! Ésta no es mi amiga. Ésta es una máscara, una escoba, un perro débil de sofá. (Lo desnuda violentamente, le guita el pijama, la peluca y aparece el Hombre 2.° sin barba, con el traje del primer cuadro.)
HOMBRE 2.° ¡Por caridad!
HOMBRE 3.° (A Julieta.) Lo traía disfrazado para defenderlo de los bandidos. Bésame la mano, besa la mano de tu protector.
(Aparece el Traje de Pijama con las amapolas. La cara de este personaje es blanca, lisa y comba como un huevo de avestruz. El Hombre 3.° empuja al Hombre 2.° y lo hace desaparecer por la derecha.)
HOMBRE 2.° ¡Por caridad!
(El Traje se sienta en las escaleras y golpea lentamente su cara lisa con las manos, hasta el final.)
HOMBRE 3.° (Saca del bolsillo una gran capa roja que pone sobre sus hombros enlazando a Julieta.)
«Mira, amor mío..., qué envidiosas franjas de luz ribetean las rasgadas nubes allá en el Oriente... » El viento quiebra las ramas del ciprés...
JULIETA. ¡No es así!
HOMBRE 3.° ... Y visita en la India a todas las mujeres que tienen las manos de agua.
CABALLO NEGRO. (Agitando la rueda.) ¡Se va a cerrar!
JULIETA. ¡Llueve mucho!
HOMBRE 3.° Espera, espera. Ahora canta el ruiseñor.
JULIETA. (Temblando.) ¡El ruiseñor, Dios mío! ¡El ruiseñor... !
CABALLO NEGRO. ¡Que no te sorprenda! (La coge rápidamente y la tiende en el sepulcro.)
JULIETA. (Durmiéndose.) ¡El ruiseñor...!
CABALLO NEGRO. (Saliendo.) Mañana volveré con la arena.
JULIETA. Mañana.
HOMBRE 3.° (Junto al sepulcro.) ¡Amor mío, vuelve! El viento quiebra las hojas de los arces. ¿Qué has hecho? (La abraza.)
VOZ FUERA. ¡Enrique!
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. Enrique.
EL TRAJE DE BAILARINA. Guillermina. ¡Acabar ya de una vez! (Llora.)
HOMBRE 3.° Espera, espera. Ahora canta el ruiseñor. (Se oye la bocina. El Hombre 3.° deja la careta sobre el rostro de Julieta y cubre el cuerpo de ésta con la capa roja.) Llueve demasiado. (Abre un paraguas y sale en silencio sobre las puntas de los pies.)
HOMBRE I.° (Entrando.) Enrique, ¿cómo has vuelto?
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. Enrique, ¿cómo has vuelto?
HOMBRE I.° ¿Por qué te burlas?
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. ¿Por qué te burlas?
HOMBRE I.° (Abrazando al Traje.) Tenías que volver para mí, para mi amor inagotable, después de haber vencido las hierbas y los caballos.
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. ¡Los caballos!
HOMBRE I.° ¡Dime, dime que has vuelto por mí!
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. (Con voz débil.) Tengo frío. Luz eléctrica. Pan. Estaban quemando goma.
HOMBRE I.° (Abrazándolo con violencia.) ¡Enrique!
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. (Con voz cada vez más débil.) Enrique.
EL TRAJE DE BAILARINA. (Con voz tenue.) Guillermina.
HOMBRE I.° (Arrojando el Traje al suelo y subiendo por las escaleras.) ¡Enriqueee!
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. (En el suelo.) Enriqueecee.
(La Figura con el rostro de huevo se lo golpea incesantemente con las manos. Sobre el ruido de la lluvia canta el verdadero ruiseñor.)
Telón


Cuadro cuarto

En el centro de la escena, una cama de frente y perpendicular, como pintada por un primitivo, donde hay un Desnudo Rojo coronado de espinas azules. Al fondo, unos arcos y escaleras que conducen a los palcos de un gran teatro. A la derecha, la portada de una universidad. Al levantarse el telón se oye una salva de aplausos.

DESNUDO. ¿Cuándo acabáis?
ENFERMERO. (Entrando rápidamente.) Cuando cese el tumulto.
DESNUDO. ¿Qué piden?
ENFERMERO. Piden la muerte del Director de escena.
DESNUDO. ¿Y qué dicen de mí?
ENFERMERO. Nada.
DESNUDO. Y de Gonzalo, ¿se sabe algo?
ENFERMERO. Lo están buscando en la ruina.
DESNUDO. Yo deseo morir. ¿Cuántos vasos de sangre me habéis sacado?
ENFERMERO. Cincuenta. Ahora te daré la hiel, y luego, a las ocho, vendré con el bisturí para ahondarte la herida del costado.
DESNUDO. Es la que tiene más vitaminas.
ENFERMERO. Sí.
DESNUDO. ¿Dejaron salir a la gente bajo la arena?
ENFERMERO. Al contrario. Los soldados y los ingenieros están cerrando todas las salidas.
DESNUDO. ¿Cuánto falta para Jerusalén?
ENFERMERO. Tres estaciones, si queda bastante carbón.
DESNUDO. Padre mío, aparta de mí este cáliz de amargura.
ENFERMERO. Cállate. Ya es éste el tercer termómetro que rompes.
(Aparecen los Estudiantes. Visten mantos negros y becas rojas.)
ESTUDIANTE I.° ¿Por qué no limamos los hierros?
ESTUDIANTE 2.° La callejuela está llena de gente armada y es difícil huir por allí.
ESTUDIANTE 3.° ¿Y los caballos?
ESTUDIANTE I.° Los caballos lograron escapar rompiendo el techo de la escena.
ESTUDIANTE 4.° Cuando estaba encerrado en la torre los vi subir agrupados por la colina. Iban con el Director de escena.
ESTUDIANTE I.° ¿No tiene foso el teatro?
ESTUDIANTE 2.° Pero hasta los fosos están abarrotados de público. Más vale quedarse. (Se oye una salva de aplausos. El Enfermero incorpora al Desnudo y le arregla las almohadas.)
DESNUDO. Tengo sed.
ENFERMERO. Ya se ha enviado al teatro por el agua.
ESTUDIANTE 4.° La primera bomba de la revolución barrió la cabeza del profesor de retórica.
ESTUDIANTE 2.° Con gran alegría para su mujer, que ahora trabajará tanto que tendrá que ponerse dos grifos en las tetas.
ESTUDIANTE 3.° Dicen que por las noches subía un caballo con ella a la terraza.
ESTUDIANTE I.° Precisamente ella fue la que vio por una claraboya del teatro todo lo que ocurría y dio la voz de alarma.
ESTUDIANTE 4.° Y aunque los poetas pusieron una escalera para asesinarla, ella siguió dando voces y acudió la multitud.
ESTUDIANTE 2.° ¿Se llama?
ESTUDIANTE 3.° Se llama Elena.
ESTUDIANTE I.° (Aparte.) Selene.
ESTUDIANTE 2.° (Al Estudiante I.°) ¿Qué te pasa?
ESTUDIANTE I.° Tengo miedo de salir al aire.
(Por las escaleras bajan los dos Ladrones. Varias Damas, vestidas de noche, salen precipitadamente de los palcos. Los Estudiantes discuten.)
DAMA I.a ¿Estarán todavía los coches a la puerta?
DAMA 2.a ¡Qué horror!
DAMA 3.a Han encontrado al Director de escena dentro del sepulcro.
DAMA I.a ¿Y Romeo?
DAMA 4.a Lo estaban desnudando cuando salimos.
MUCHACHO I.° El público quiere que el poeta sea arrastrado por los caballos.
DAMA I.a Pero ¿por qué? Era un drama delicioso y la revolución no time derecho a profanar las tumbas.
DAMA 2.a Las voces estaban vivas y sus apariencias también. ¿Qué necesidad teníamos de lamer los esqueletos?
MUCHACHO I.° Tiene razón. El acto del sepulcro estaba prodigiosamente desarrollado. Pero yo descubrí
la mentira cuando vi los pies de Julieta. Eran pequeñísimos.
DAMA 2.a ¡Deliciosos! No querrá usted ponerles reparo.
MUCHACHO I.° Sí, pero eran demasiado pequeños para ser pies de mujer. Eran demasiado perfectos y demasiado femeninos. Eran pies de hombre, pies inventados por un hombre.
DAMA 2.a ¡Qué horror!
(Del teatro llegan murmullos y ruido de espadas.)
DAMA 3.a ¿No podemos salir?
MUCHACHO I.° En este momento llega la revolución a la catedral. Vamos por la escalera. (Salen.)
ESTUDIANTE 4.° El tumulto comenzó cuando vieron que Romeo y Julieta se amaban de verdad.
ESTUDIANTE 2.° Precisamente fue por todo lo contrario. El tumulto comenzó cuando observaron que no se amaban, que no podían amarse nunca.
ESTUDIANTE 4.° El público tiene sagacidad para descubrirlo todo y por eso protestó.
ESTUDIANTE 2.° Precisamente por eso. Se amaban los esqueletos y estaban amarillos de llama, pero no se amaban los trajes y el público vio varias veces la cola de Julieta cubierta de pequeños sapitos de asco.
ESTUDIANTE 4.° La gente se olvida de los trajes en las representaciones y la revolución estalló cuando se encontraron a la verdadera Julieta amordazada debajo de las sillas y cubierta de algodones para que no gritase.
ESTUDIANTE I.° Aquí está la gran equivocación de todos y por eso el teatro agoniza. El público no debe atravesar las sedas y los cartones que el poeta levanta en su dormitorio. Romeo puede ser un ave y Julieta puede ser una piedra. Romeo puede ser un grano de sal y Julieta puede ser un mapa. ¿Qué le importa esto al público?
ESTUDIANTE 4.° Nada. Pero un ave no puede ser un gato, ni una piedra puede ser un golpe de mar.
ESTUDIANTE 2.° Es cuestión de forma, de máscara. Un gato puede ser una rana, y la luna de invierno puede ser muy bien un haz de leña cubierto de gusanos ateridos. El público se ha de dormir en la palabra y no ha de ver a través de la columna las ovejas que balan y las nubes que van por el cielo.
ESTUDIANTE 4.° Por eso ha estallado la revolución. El Director de escena abrió los escotillones, y la gente pudo ver cómo el veneno de las venas falsas había causado la muerte verdadera de muchos niños.
No son las formas disfrazadas las que levantan la vida, sino el cabello de barómetro que tienen detrás.
ESTUDIANTE 2.° En último caso, ¿es que Romeo y Julieta tienen que ser necesariamente un hombre y una mujer para que la escena del sepulcro se produzca de manera viva y desgarradora?
ESTUDIANTE I.° No es necesario, y esto era lo que se propuso demostrar con genio el Director de escena.
ESTUDIANTE 4.° (Irritado.) ¿Que no es necesario? Entonces que se paren las máquinas y arrojad los granos de trigo sobre un campo de acero.
ESTUDIANTE 2.° ¿Y qué pasaría? Pasaría que vendrían los hongos y los latidos se harían quizá más intensos y apasionantes. Lo que pasa es que se sabe lo que alimenta un grano de trigo y se ignora lo que alimenta un hongo.
ESTUDIANTE 5.° (Saliendo de los palcos.) Ha llegado el juez, y antes de asesinarlos, les van a hacer repetir la escena del sepulcro.
ESTUDIANTE 4.° Vamos. Veréis cómo tengo razón.
ESTUDIANTE 2.° Sí. Vamos a ver la última Julieta verdaderamente femenina que se verá en el teatro.
(Salen rápidamente.)
DESNUDO. Padre mío, perdónalos, que no saben lo que se hacen.
ENFERMERO. (A los Ladrones.) ¿Por qué llegáis a esta hora?
LOS LADRONES. Se ha equivocado el traspunte.
ENFERMERO. ¿Os han puesto las inyecciones?
LOS LADRONES. Sí.
(Se sientan a los pies de la cama con unos cirios encendidos. La escena queda en penumbra. Aparece el Traspunte.)
ENFERMERO. ¿Son éstas horas de avisar?
TRASPUNTE. Le ruego me perdone. Pero se había perdido la barba de José de Arimatea.
ENFERMERO. ¿Está preparado el quirófano?
TRASPUNTE. Sólo faltan los candeleros, el cáliz y las ampollas de aceite alcanforado.
ENFERMERO. Date prisa. (Se va el Traspunte.)
DESNUDO. ¿Falta mucho?
ENFERMERO. Poco. Ya han dado la tercera campanada. Cuando el Emperador se disfrace de Poncio Pilato.
MUCHACHO I.° (Aparece con las Damas.) ¡Por favor! No se dejen ustedes dominar por el pánico.
DAMA I.a Es horrible perderse en un teatro y no encontrar la salida.
DAMA 2.a Lo que más miedo me ha dado ha sido el lobo de cartón y las cuatro serpientes en el estanque de hojalata.
DAMA 3.a Cuando subíamos por el monte de la ruina creímos ver la luz de la aurora, pero tropezamos con los telones y traigo mis zapatos de tisú manchados de petróleo.
DAMA 4.a (Asomándose a los arcos.) Están representando otra vez la escena del sepulcro. Ahora es seguro que el fuego romperá las puertas, porque cuando yo lo vi, hace un momento, ya los guardianes tenían las manos achicharradas y no lo podían contener.
MUCHACHO I.° Por las ramas de aquel árbol podemos alcanzar uno de los balcones y desde allí pediremos auxilio.
ENFERMERO. (En alta voz.) ¿Cuándo va a comenzar el toque de agonía?
(Se oye una campana.) ,
LOS LADRONES. (Levantando los cirios.) Santo. Santo. Santo.
DESNUDO. Padre, en tus manos encomiendo mi espíritu.
ENFERMERO. Te has adelantado dos minutos.
DESNUDO. Es que el ruiseñor ha cantado ya.
ENFERMERO. Es cierto. Y las farmacias están abiertas para la agonía.
DESNUDO. Para la agonía del hombre solo, en las plataformas y en los trenes.
ENFERMERO. (Mirando el reloj y en voz alta.) Traed la sábana. Mucho cuidado con que el aire que ha de soplar no se lleve vuestras pelucas. Deprisa.
LOS LADRONES. Santo. Santo. Santo.
DESNUDO. Todo se ha consumado.
(La coma gira sobre un eje y el Desnudo desaparece.
Sobre el reverso del lecho aparece tendido el Hombre I.°, siempre con frac y barba negra.)
HOMBRE I.° (Cerrando los ojos.) ¡Agonía!
(La luz toma un fuerte tinte plateado de pantalla cinematográfica. Los arcos y escaleras del fondo aparecen teñidos de una granulada luz azul. El Enfermero y los Ladrones desaparecen con Paso de baile sin dar la espalda. Los Estudiantes salen por debajo de uno de los arcos. Llevan pequeñas linternas eléctricas.)
ESTUDIANTE 4.° La actitud del público ha sido detestable.
ESTUDIANTE I.° Detestable. Un espectador no debe formar nunca parte del drama. Cuando la gente va al aquárium no asesina a las serpientes de mar ni a las ratas de agua, ni a los peces cubiertos de lepra, sino que resbala sobre los cristales sus ojos y aprende.
ESTUDIANTE 4.° Romeo era un hombre de treinta años y Julieta un muchacho de quince. La denuncia del
público fue eficaz.
ESTUDIANTE 2.° El Director de escena evitó de manera genial que la masa de espectadores se enterase de esto, pero los caballos y la revolución han destruido sus planes.
ESTUDIANTE 4.° Lo que es inadmisible es que los hayan asesinado.
ESTUDIANTE I.° Y que hayan asesinado también a la verdadera Julieta que gemía debajo de las butacas.
ESTUDIANTE 4.° Por pura curiosidad, para ver lo que tenían dentro.
ESTUDIANTE 3.° ¿Y qué han sacado en claro? Un racimo de heridas y una desorientación absoluta.
ESTUDIANTE 4.° La repetición del acto ha sido maravillosa porque indudablemente se amaban con un amor incalculable, aunque yo no lo justifique. Cuando cantó el ruiseñor yo no pude contener mis lágrimas.
ESTUDIANTE 3.° Y toda la gente; pero después enarbolaron los cuchillos y los bastones porque la letra era más fuerte que ellos y la doctrina, cuando desata su cabellera, puede atropellar sin miedo las verdades más inocentes.
ESTUDIANTE 5.° (Alegrísimo.) Mirad, he conseguido un zapato de Julieta. La estaban amortajando las monjas y lo he robado.
ESTUDIANTE 4.° (Serio.) ¿Qué Julieta?
ESTUDIANTE 5.° ¿Qué Julieta iba a ser? La que estaba en el escenario, la que tenía los pies más bellos
del mundo.
ESTUDIANTE 4.° (Con asombro.) ¿Pero no te has dado cuenta de que la Julieta que estaba en el sepulcro era un joven disfrazado, un truco del Director de escena, y que la verdadera Julieta estaba amordazada debajo de los asientos?
ESTUDIANTE 5.° (Rompiendo a reír.) ¡Pues me gusta! Parecía muy hermosa, y si era un joven disfrazado no me importa nada; en cambio, no hubiese recogido el zapato de aquella muchacha llena de polvo que gemía como una gata debajo de las sillas.
ESTUDIANTE 3.° Y, sin embargo, por eso la han asesinado.
ESTUDIANTE 5.° Porque están locos. Pero yo que subo dos veces, todos los días, la montaña y guardo, cuando terminan mis estudios, un enorme rebaño de toros con los que tengo que luchar y vencer cada instante, no me queda tiempo para pensar si es hombre o mujer o niño, sino para ver que me gusta con un alegrísimo deseo.
ESTUDIANTE I.° ¡Magnífico! ¿Y si yo quiero enamorarme de un cocodrilo?
ESTUDIANTE 5.° Te enamoras.
ESTUDIANTE I.° ¿Y si quiero enamorarme de ti?
ESTUDIANTE 5.° (Arrojándole el zapato.) Te enamoras también, yo te dejo, y te subo en hombros por los riscos.
ESTUDIANTE I.° Y lo destruimos todo.
ESTUDIANTE 5.° Los tejados y las familias.
ESTUDIANTE I.° Y donde se hable de amor entraremos con botas de foot-ball echando fango por los espejos.
ESTUDIANTE 5.° Y quemaremos el libro donde los sacerdotes leen la misa.
ESTUDIANTE I.° Vamos. ¡Vamos pronto!
ESTUDIANTE 5.° Yo tengo cuatrocientos toros. Con las maromas que torció mi padre los engancharemos a las rocas para partirlas y que salga un volcán.
ESTUDIANTE I.° ¡Alegría! Alegría de los muchachos, y de las muchachas, y de las ranas, y de los pequeños  taruguitos de madera.
TRASPUNTE. (Apareciendo.) ¡Señores!, clase de geometría descriptiva.
HOMBRE I.° Agonía.
(La escena va quedando en penumbra. Los Estudiantes encienden sus linternas y entran en la universidad.)
TRASPUNTE. (Displicente.) ¡No hagan sufrir a los cristales!
ESTUDIANTE 5.° (Huyendo por los arcos con el Estudiante I.°) ¡Alegría! ¡Alegría! ¡Alegría!
HOMBRE I.° Agonía. Soledad del hombre en el sueño lleno de ascensores y trenes donde tú vas a velocidades inasibles. Soledad de los edificios, de las esquinas, de las playas, donde tú no aparecerás ya nunca.
DAMA I.a (Por las escaleras.) ¿Otra vez la misma decoración? ¡Es horrible!
MUCHACHO I.° ¡Alguna puerta será la verdadera!
DAMA 2.a ¡Por favor! ¡No me suelte usted de la mano!
MUCHACHO I.° Cuando amanezca nos guiaremos por las claraboyas.
DAMA 3.a Empiezo a tener frío con este traje.
HOMBRE I.° (Con voz débil.) ¡Enrique! ¡Enrique!
DAMA I.a ¿Qué ha sido eso?
MUCHACHO I.° Calma.
(La escena está a oscuras. La linterna del Muchacho I.° ilumina la cara muerta del Hombre I.°)
Telón


[Solo del pastor bobo]
Cortina azul.
En el centro, un gran armario lleno de Caretas blancas de diversas expresiones. Cada Careta tiene su lucecita delante. El Pastor Bobo viene por la derecha. Viste de pieles bárbaras y lleva en la cabeza un embudo lleno de plumas y ruedecillas. Toca un aristón y danza con ritmo lento.

EL PASTOR.
El pastor bobo guarda las caretas.
Las caretas
de los pordioseros y de los poetas
que matan a las gipaetas
cuando vuelan por las aguas quietas.
Careta
de los niños que usan la puñeta
y se pudren debajo de una seta.
Caretas
de las águilas con muletas.
Careta de la careta
que era de yeso de Creta
y se puso de harinita color violeta
en el asesinato de Julieta.
Adivina. Adivinilla. Adivineta
de un teatro sin lunetas
y un cielo lleno de sillas
con el hueco de una careta.
Balad, balad, balad, caretas.
(Las Caretas balan imitando las ovejas y alguna tose.)
Los caballos se comen la seta
y se pudren bajo la veleta.
Las águilas usan la puñeta
y se llenan de fango bajo el cometa,
y el cometa devora la gipaeta
que rayaba el pecho del poeta.
¡Balad, balad, balad, caretas!
Europa se arranca las tetas,
Asia se queda sin lunetas
y América es un cocodrilo
que no necesita careta.
La musiquilla, la musiqueta
de las púas heridas y la limeta.
(Empuja el armario, que va montado sobre ruedas, y desaparece. Las Caretas balan.)


Cuadro quinto

La misma decoración que en el primer cuadro. A la izquierda, una gran cabeza de caballo colocada en el suelo. A la derecha, un ojo enorme y un grupo de árboles con nubes, apoyados en la pared. Entra el Director de escena con el Prestidigitador. El Prestidigitador viste de frac, capa blanca de raso que le llega a los pies y lleva sombrero de copa. El Director de escena tiene el traje del primer cuadro.

DIRECTOR. Un prestidigitador no puede resolver este asunto, ni un médico, ni un astrónomo, ni nadie. Es muy sencillo soltar a los leones y luego llover azufre sobre ellos. No siga usted hablando.
PRESTIDIGITADOR. Me parece que usted, hombre de máscara, no recuerda que nosotros usamos la cortina oscura.
DIRECTOR. Cuando las gentes están en el cielo; pero dígame, ¿qué cortina se puede usar en un sitio donde  el aire es tan violento que desnuda a la gente y hasta los niños llevan navajitas para rasgar los telones?
PRESTIDIGITADOR. Naturalmente, la cortina del prestidigitador presupone un orden en la oscuridad del truco; por eso, ¿por qué eligieron ustedes una tragedia manida y no hicieron un drama original?
DIRECTOR. Para expresar lo que pasa todos los días en todas las grandes ciudades y en los campos por medio de un ejemplo que, admitido por todos a pesar de su originalidad, ocurrió sólo una vez. Pude haber elegido el Edipo o el Otelo. En cambio, si hubiera levantado el telón con la verdad original, se hubieran manchado de sangre las butacas desde las primeras escenas.
PRESTIDIGITADOR. Si hubieran empleado «la flor de Diana» que la angustia de Shakespeare utilizó de manera irónica en el Sueño de una noche de verano, es probable que la representación habría terminado con éxito. Si el amor es pura casualidad y Titania, reina de los silfos, se enamora de un asno, nada de particular tendría que, por el mismo procedimiento, Gonzalo bebiera en el music-ball con un muchacho [vestido de] blanco sentado en las rodillas.
DIRECTOR. Le suplico no siga hablando.
PRESTIDIGITADOR. Construyan ustedes un arco de alambre, una cortina y un árbol de frescas hojas, corran y descorran la cortina a tiempo y nadie se extrañará de que el árbol se convierta en un huevo de serpiente. Pero ustédes lo que querían era asesinar a la paloma y dejar en lugar suyo un pedazo de mármol lleno de pequeñas salivas habladoras.
DIRECTOR. Era imposible hacer otra cosa; mis amigos y yo abrimos el túnel bajo la arena sin que lo notara la gente de la ciudad. Nos ayudaron muchos obreros y estudiantes que ahora niegan haber trabajado a pesar de tener las manos llenas de heridas. Cuando llegamos al sepulcro levantamos el telón.
PRESTIDIGITADOR. ¿Y qué teatro puede salir de un sepulcro?
DIRECTOR. Todo el teatro sale de las humedades confinadas. Todo el teatro verdadero tiene un profundo hedor de luna pasada. Cuando los trajes hablan, las personas vivas son ya botones de hueso en las paredes del calvario. Yo hice el túnel para apoderarme de los trajes y, a través de ellos, haber enseñado el perfil de una fuerza oculta cuando ya el público no tuviera más remedio que atender, lleno de espíritu y subyugado por la acción.
PRESTIDIGITADOR. Yo convierto sin ningún esfuerzo un frasco de tinta en una mano cortada llena de anillos antiguos.
DIRECTOR. (Irritado.) Pero eso es mentira, ¡eso es teatro! Si yo pasé tres días luchando con las raíces y los golpes de agua fue para destruir el teatro.
PRESTIDIGITADOR. Lo Sabía.
DIRECTOR. Y demostrar que si Romeo y Julieta agonizan y mueren para despertar sonriendo cuando cae el telón, mis personajes, en cambio, queman la corona y mueren de verdad en presencia de los espectadores. Los caballos, el mar; el ejército de las hierbas lo han impedido. Pero algún día, cuando se quemen todos los teatros, se encontrará en los sofás, detrás de los espejos y dentro de las copas de cartón dorado, la reunión de nuestros muertos encerrados allí por el público. ¡Hay que destruir el teatro o vivir en el teatro! No vale silbar desde las ventanas. Y si los perros gimen de modo tierno hay que levantar la cortina sin prevenciones. Yo conocí a un hombre que barría su tejado y limpiaba claraboyas y barandas solamente por galantería con el cielo.
PRESTIDIGITADOR. Si avanzas un escalón más, el hombre te parecerá una brizna de hierba.
DIRECTOR. No una brizna de hierba, pero sí un navegante.
PRESTIDIGITADOR. Yo puedo convertir un navegante en una aguja de coser.
DIRECTOR. Eso es precisamente lo que se hace en el teatro. Por eso yo me atreví a realizar un dificilísimo juego poético en espera de que el amor rompiera con ímpetu y diera nueva forma a los trajes.
PRESTIDIGITADOR. Cuando dice usted amor yo me asombro.
DIRECTOR. Se asombra, ¿de qué?
PRESTIDIGITADOR. Veo un paisaje de arena reflejado en un espejo turbio.
DIRECTOR. ¿Y qué más?
PRESTIDIGITADOR. Que no acaba nunca de amanecer.
DIRECTOR. Es posible.
PRESTIDIGITADOR. (Displicente y golpeando la cabeza de caballo con las yemas de los dedos.) Amor.
DIRECTOR. (Sentándose en la mesa.) Cuando dice usted amor yo me asombro.
PRESTIDIGITADOR. Se asombra, ¿de qué?
DIRECTOR. Veo que cada grano de arena se convierte en una hormiga vivísima.
PRESTIDIGITADOR. ¿Y qué más?
DIRECTOR. Que anochece cada cinco minutos.
PRESTIDIGITADOR. (Mirándolo fijamente.) Es posible. (Pausa.) Pero, ¿qué se puede esperar de una gente que inaugura el teatro bajo la arena? Si abriera usted esa puerta se llenaría esto de mastines, de locos, de lluvias, de hojas monstruosas, de ratas de alcantarilla. ¿Quién pensó nunca que se pueden romper todas las puertas de un drama?
DIRECTOR. Es rompiendo todas las puertas el único modo que tiene el drama de justificarse, viendo por sus propios ojos que la ley es un muro que se disuelve en la más pequeña gota de sangre. Me repugna el moribundo que dibuja con el dedo una puerta sobre la pared y se duerme tranquilo. El verdadero drama es un circo de arcos donde el aire y la luna y las criaturas entran y salen sin tener un sitio donde descansar.
Aquí está usted pisando un teatro donde se han dado dramas auténticos y donde se ha sostenido un verdadero combate que ha costado la vida a todos los intérpretes. (Llora.)
CRIADO. (Entrando precipitadamente.) Señor.
DIRECTOR. ¿Qué ocurre? (Entra el Traje Blanco de Arlequín y una Señora vestida de negro con la cara cubierta por un espeso tul que impide ver su rostro.)
SEÑORA. ¿Dónde está mi hijo?
DIRECTOR. ¿Qué hijo?
SEÑORA. Mi hijo Gonzalo.
DIRECTOR. (Irritado.) Cuando terminó la representación bajó precipitadamente al foso del teatro con ese muchacho que viene con usted. Más tarde el traspunte lo vio tendido en la cama imperial de la guardarropía. A mí no me debe preguntar nada. Hoy todo aquello está bajo la tierra.
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. (Llorando.) Enrique.
SEÑORA. ¿Dónde está mi hijo? Los pescadores me llevaron esta mañana un enorme pez luna, pálido, descompuesto, y me gritaron: ¡Aquí tienes a tu hijo! Como el pez manaba sin cesar un hilito de sangre por la boca, los niños reían y pintaban de rojo las suelas de sus botas. Cuando yo cerré mi puerta sentí como la gente de los mercados lo arrastraban hacia el mar.
EL TRAJE DE ARLEQUÍN. Hacia el mar.
DIRECTOR. La representación ha terminado hace horas y yo no tengo responsabilidad de lo que ha ocurrido.
SEÑORA. Yo presentaré mi denuncia y pediré justicia delante de todos. (Inicia el mutis.)
PRESTIDIGITADOR. Señora, por ahí no puede salir.
SEÑORA. Tiene razón. El vestíbulo está completamente a oscuras. (Va a salir por la puerta de la
derecha.)
DIRECTOR. Por ahí tampoco. Se caería por las claraboyas.
PRESTIDIGITADOR. Señora, tenga la bondad. Yo la conduciré. (Se quita la capa y cubre con ella a la Señora. Da dos o tres pases con las manos, tira de la capa y la Señora desaparece. El Criado empuja al Traje de Arlequín y lo hace desaparecer por la izquierda. El Prestidigitador saca un gran abanico blanco y empieza a abanicarse mientras canta suavemente.)
DIRECTOR. Tengo frío.
PRESTIDIGITADOR. ¿Cómo?
DIRECTOR. Le digo que tengo frío.
PRESTIDIGITADOR. (Abanicándose.) Es una bonita palabra, frío.
DIRECTOR. Muchas gracias por todo.
PRESTIDIGITADOR. De nada. Quitar es muy fácil. Lo difícil es poner.
DIRECTOR. Es mucho más difícil sustituir.
CRIADO. (Entrando de haberse llevado el Arlequín.) Hace un poco de frío. ¿Quiere que encienda la calefacción?
DIRECTOR. No. Hay que resistirlo todo porque hemos roto las puertas, hemos levantado el techo y nos hemos quedado con las cuatro paredes del drama. (Sale el Criado por la puerta central.) Pero no importa.
Todavía queda hierba suave para dormir.
PRESTIDIGITADOR. ¡Para dormir!
DIRECTOR. Que en último caso dormir es sembrar.
CRIADO. ¡Señor! Yo no puedo resistir el frío.
DIRECTOR. Te he dicho que hemos de resistir, que no nos ha de vencer un truco cualquiera. Cumple tu obligación. (El Director se pone unos guantes y se sube el cuello del frac lleno de temblor. El Criado desaparece.)
PRESTIDIGITADOR. (Abanicándose.) ¿Pero es que el frío es una cosa mala?
DIRECTOR. (Con voz débil.) El frío es un elemento dramático como otro cualquiera.
CRIADO. (Asoma a la puerta temblando, con las manos sobre el pecho.) ¡Señor!
DIRECTOR. ¿Qué?
CRIADO. (Cayendo de rodillas.) Ahí está el público.
DIRECTOR. (Cayendo de bruces sobre la mesa.) ¡Que pase!
(El Prestidigitador, sentado cerca de la cabeza de caballo, silba y se abanica con gran alegría. Todo el ángulo izquierdo de la decoración se parte y aparece un cielo de nubes largas, vivamente iluminado, y una lluvia lenta de guantes blancos, rígidos y espaciados.)
VOZ. (Fuera.) Señor.
VOZ. (Fuera.) Qué.
VOZ. (Fuera.) El público.
VOZ. (Fuera.) Que pase.
(El Prestidigitador agita con viveza el abanico por el aire. En la escena empiezan a caer copos de nieve.)


Telón lento