domingo, julio 13, 2025

Orlando et Ariosto piece en francais De Ben Gavarre










Orlando et Ariosto


En français





Une pièce de Benjamín Gavarre

Suivi d'une analyse et d'une interprétation en français et en espagnol

Personnages :

 * Ariosto

 * Orlando

 * Disciple Caballón

 * Garrafonero 1 (Porteur de Bonbonne 1)

 * Garrafonero 2 (Porteur de Bonbonne 2)

 * Garrafonero 3 (Porteur de Bonbonne 3)

Premier Jour

La scène sera presque vide. Lumières bleues et oranges. D'énormes peintures d'agrumes coupés en deux. Au fond, majestueuses, les Fameuses 23 Portes. Les costumes, aux couleurs vives. Le Disciple Caballón sera le seul à s'habiller en couleurs neutres (mais il portera des cothurnes). Les PORTEURS DE BONBONNE auront, chacun, une couronne de laurier.

Sur une grande pierre peinte en blanc sera assis Ariosto. Il porte un T-shirt qui lui arrive aux cuisses et une écharpe avec laquelle il joue.

ARIOSTO. — Je voudrais... Non, non, non. Le mot juste est "je veux". JE VEUX ! (Il réfléchit) Mais quoi, quoi, quoooi ! Je l'ai ! (Il se lève) Je veux préparer un bon plat de POIRES DIVERSES. Mmmmh. Avec une excellente sauce aux escargots incrustés et un smoothie de carottes ROUGEÂTRES autour. Oui. Mais, d'abord il faut qu'Orlando revienne de sa RONDE et alors je lui demanderai... Ah non : je lui exigerai... LA RECETTE des : POIRES DIVERSES !!! Je lui demanderai la recette, et il me la donnera, parce que sinonnnnnnnn...

ORLANDO. — Poires Diverses ??? Poires diverses !!!! (Menacant) N'ose même plus y penser ni le murmurer sous la douche... Tu ne sais donc pas, mon cher, mon tout petit Ariosto, que le Disciple Caballón a INTERDIT d'utiliser les récipients cubiques dans l'Enceinte ?

ARIOSTO. — Non. Tu veux me tromper. (Joueur) Je parie que tu fais tout ça pour ne pas me donner la recette de...

ORLANDO. — Tais-toi !

ARIOSTO. — Oh, oui, je me tairai et tu ne pourras pas voir l'Air Desséché de mes Mots Succulents.

ORLANDO. — Succulents ?... Ce qui est ta Pensée aujourd'hui s'est desséché en une portion plutôt assaisonnée de ton estomac.

ARIOSTO. — C'est-à-dire ???

ORLANDO. — Je veux dire RIEN, et quand je dis Rien, c'est que je me fiche de ce qui t'arrive, c'est clair ?, ni de ce que tu ressens, ni de rien... (Furieux) Pourrais-tu arrêter de jouer avec ton écharpe !! ???

ARIOSTO. — Ce sont des Souffles Marins que Monsieur a entre les dents ???? Mieux vaudrait que tu t'assoies et que tu cultives patiemment la MONOTONIE.

Orlando s'assied et Ariosto commence à tourner autour de lui en modelant son T-shirt qui lui arrive aux cuisses.

ORLANDO. — Pfff, Pfff. Tu provoques mes sens pénibles avec ta démarche sphérique, cher Ariosto. Cesse, cesse, cesse, richesse de tes mouvements bleuâtres... Et écoute, écoute, écoute ce que je t'apporte du marché de l'Enceinte.

ARIOSTO. — Parle donc et recommande à tes Neurones de ne pas s'efforcer de vociférer des bêtises.

ORLANDO. — Que vocifères-tu ???

ARIOSTO. — Que tu ne te confuses pas avec les mots.

ORLANDO. — Ah, c'est ce que tu voulais dire... (Après une pause pendant laquelle il a sucé son petit doigt) Eh bien !... Je te dirai le message du message de la Grande Enceinte. (Ampoulé) Sache que le Disciple Caballón préparera pour la Prochaine Bataille une Tombola. Une Tombola qui aura comme innovation frémissante : la Tendre histoire de jeter des verres en verre remplis d'eau sur tous les prix tant convoités de la Grande SAINTE Tombola.

ARIOSTO. — Et en quoi cela me concerne-t-il.

ORLANDO. — Mais quelle grossière et vile figurine à jupe creuse ! (Pause) Enfin... il est INÉVITABLE que tous les membres de l'Enceinte : c'est-à-dire Toi inclus (Las) Ah. Enfin. Portent dans leurs petites mains osseuses leur simple dotation d'eau cristalline.

ARIOSTO. — Il fallait le dire sans tant de fioritures. Et quand aura lieu la Riche Tombola ?

ORLANDO. — Le jour suivant.

ARIOSTO. — Eh bien, ne prolongeons pas l'instant. Dirigeons-nous vers l'Enceinte et préparons notre dotation de Sales Verres en Cristal Incassable.

Ils sortent. On entend le bruit d'un avion qui décolle.

Entrent trois hommes avec des bonbonnes d'eau vides sur l'épaule. Ils se rejoignent en un point de la scène.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Je vais remplir la Grande Bonbonne et je jetterai toute la Grande Bonbonne et toute l'eau sur la GUEULE agitée du Disciple Gros Caballot.

PORTEUR DE BONBONNE 2. — Non, non, non, non. Pas Gros Caballot. Caballón. Il s'appelle Caballón. Disciple Caballón, fils du Génie Caballón, gardien des 23 portes de l'Enceinte. Et celui sur qui nous devons jeter la grande bonbonne pleine d'eau n'est pas le Disciple, mais, et écoute bien, la TOMBOLA, la Grande Sainte Tombola.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Eh bien, moi je jetterai la grande Gueule de Caballot la bonbonne. Et toi, explique tes, tes, tes noix à ton tatou préféré.

PORTEUR DE BONBONNE 2. — Pourquoi veux-tu attenter au Disciple de l'Enceinte ?

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Parce que moi... moiiii.... moiiii... BOUHHHH ! (Grotesque) Moi, donner MES CINQ PETITS PRÉFÉRÉS À LA TOMBOLA ET LES PARTICIPANTS casseront sans tarder les cinq BÉBÉS que j'ai donnés, que j'ai offerts, avec beaucoup d'affection et d'abnégation, aux forces de l'Enceinte.

PORTEUR DE BONBONNE 3. — Les cadeaux sont des tromperies : si tu as donné tes petits pour la grande Sainte Tombola, tu es content et tu ne fais pas de bêtises.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Je lui casserai la tête.

PORTEUR DE BONBONNE 2. — À qui ? Pourquoi ?

PORTEUR DE BONBONNE 1. — À Caballot Caballón, je le laisserai sans dents et il ne pourra manger que de la viande de légumes substantiels.

PORTEUR DE BONBONNE 3. — Il vaudra mieux remplir les bonbonnes de liquide et être prêts. Prêts. Prêts. Prêts pour la Grande Sainte Tombola.

PORTEUR DE BONBONNE 2. — Allons donc, et toi, PORTEUR DE BONBONNE UN, tu n'oseras te rebeller qu'en rêves.

Ils sortent de scène.

Entre le DISCIPLE CABALLÓN suivi de VINGT-TROIS ballons plus ou moins grands. Les ballons peuvent être animé ou bien interpretés par des enfants.

DISCIPLE CABALLÓN. — (S'adressant au Public) Ah, sujets. Ahhhhh Sujetssssss ! Compagnons de cloches et de ballons tourmentés. Je vous assure que la décision prise par Moi est joyeuse, simple, et de manière VERTICALE... la seule possible. Presque, presque (sur le point de pleurer)... presque... Atchoum ! (Il s'essuie le nez)... Je vous disais : Presque aussi bien pensée qu'insolitement celle que j'ai prise le jour 23 où j'ai décidé de manière autonome et sentimentale, de (sur le point de pleurer ou d'éternuer)... Les Substituer ! (Laconique) C'est-à-dire les remplacer... Eux... enfin... eux... (Triomphant) par d'intelligents ballons de couleurs magistralement choisies par moi. Par MOI. Par MOOIIII !!!! (Formel, à l'un des ballons) Et vous, qu'en pensez-vous, mon cher ministre... Ne ME le dites pas ! Vous pensez, mon ministre distingué, que ma décision de fabriquer la Tombola, la grande Sainte Tombola est UNIQUESTUPÉFIANTE. Simplement VERTICALE ? Non ? Ou Non ?... Hé, hé, merci. C'est précisément ce que je pensais que vous répondriez... Eh bien oui, voyons mes sujets ronds : Voici qu'Ariosto et Orlando s'approchent et se prosterneront sûrement devant moi, comme de juste.

Entrent Ariosto et Orlando avec des verres EN VERRE remplis d'eau.

ARIOSTO. — (À quelqu'un du public) Moi ! Moi ??? C'est moi que vous regardez ? (Au Disciple Caballón) Moi ?! C'est le comble. Après avoir interdit LA RECETTE DES POIRES DIVERSES (Au Disciple Caballón) Vous osez me regarder moiii. Vous osez ME REGARDERRRRRRR ?!!!

DISCIPLE CABALLÓN. — (Aimable) Pas seulement toi Ariosto, mais aussi ton compagnon Orlando. Vous devenez chaque jour plus tendres et bestiaux. Ah, mais je vois que vous apportez votre dotation de verres en verre avec un liquide cristallin, et à l'avance.

ORLANDO. — Clore, dogue, dis-je, clair... CLAIR !, votre Majesté. En réponse à votre droite...

DISCIPLE CABALLÓN. — Non !... (Pause) ...Verticale ?...

ORLANDO. — Bien sûr. Votre décision VERTICALE concernant la Tombola de demain. Je disais... Ah oui... Compte tenu de VOTRE SAGE Décision... Nous... avons décidé à notre tour D'AVANCER la Dotation de Liquideliquide. À l'avance.

ARIOSTO. — (Ironique) Bien sûr... Nous voulions chauffer l'eau DANS NOS BOUCHES et ainsi demain nous boirons l'eau chaude avec un peu de sucre et deux sucres de CAFÉ.

DISCIPLE CABALLÓN. — (Toujours aimable) Au contraire.

ARIOSTO. — (Furieux) Vous oserez l'empêcher ?

DISCIPLE CABALLÓN. — Non, bien sûr, n'y pensez même pas : j'ai seulement voulu dire, mon cher Ariosto, que les sucres ne sont généralement que de sucre.

ARIOSTO. — Ah, bon, si c'est comme ça je ne crois pas qu'il y ait de problème. Des sucres sont des sucres.

ORLANDO. — Ça suffit Ariosto ! Tu oses t'opposer à la Justice du Disciple Caballón ??? Souviens-toi qu'il est le fils de Notre Fondateur, le Génie Caballón, Gardien des Vingt-Trois Portes.

ARIOSTO. — (Insolent) Et dites-moi, monsieur Caballón... À quoi est due la décision de détruire les prix de la Tombola en lançant des verres d'eau ?????

DISCIPLE CABALLÓN. — Eh bien... demandez à mon Premier Ministre. Il saura vous répondre.

ARIOSTO. — Non, ce n'est pas nécessaire. Je crois que ce sera une bonne réponse. N'est-ce pas que ce sera une bonne réponse, Orlando ?

ORLANDO. — C'est ce que je pense, et il vaudra mieux laisser la Cour marcher vers sa destination. Jusqu'à la Tombola de Demain, Disciple Caballón. Au revoir, membres distingués de la Cour de l'Enceinte !!!

DISCIPLE CABALLÓN. — Jusqu'à la Tombola donc et n'oubliez pas votre dotation de verres d'eau.

ARIOSTO. — Nous n'oublierons pas, Majesté, nous n'oublierons pas.

ORLANDO. — À plus tard.

DISCIPLE CABALLÓN. — À demain.

ARIOSTO. — Jusqu'à la Tombola.

ORLANDO. — Au revoiiiiiir.

Tous disparaissent rapidement, en dernier les Ballons-Ministres. On entend de nouveau le bruit d'un avion qui décolle.



Noir


Deuxième Jour


Nous voyons une énorme boîte orange avec, en lettres noires, la légende "La Grande Sainte Tombola". À côté de la boîte, sur un chevalet, est peinte l'image d'un grand sourire. Sur un autre chevalet, nous voyons l'image de deux grandes canines jaunes. Sur une estrade, très dignes, se trouvent les "Ballons-Ministres" du disciple caballón.

Au début de la scène, les trois PORTEURS DE BONBONNE sont figés avec leurs récipients pleins. Orlando et Ariosto lancent des verres remplis d'eau sur l'énorme boîte, et chaque fois qu'ils le font, le verre tombe au fond de la boîte et produit un retentissant fracas de cristaux qui inonde tout l'espace. Après chaque "lancement de verres d'eau", Orlando et Ariosto se montrent euphoriques, ou bien observent minutieusement les trois personnages grotesques, comme attendant qu'ils réagissent.

ARIOSTO. — (Lance un verre de plus) C'est ridicule ! Une boîte qui dit être la Grande Sainte Tombola, prétend Être... la Grande Sainte Tombola ????

ORLANDO. — Tombola, pas très tombola.

ARIOSTO. — Bien sûr que non. Elle ne tourne même pas, elle ne tourne pas, on ne peut rien choisir, on ne gagne rien, à quoi bon. On ne peut que jeter des verres d'eau sur la Très Sainte et entendre les verres se briser. (Il jette un verre de plus et on entend le fracas des verres). Vous voyez ? Gagne-t-on quelque chose avec le fracas des verres ? (Il jette un verre de plus, suivi d'un fracas. Orlando lance le sien : verre, fracas). On ne gagne rien.

Pause. Les deux bâillent, et regardent impassiblement les PORTEURS DE BONBONNE.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — (Se dégèle, très circonspect. À Ariosto...) Pardonnez l'intrusion dans votre personnalité, mais j'ai le sentiment du devoir de vous communiquer par cette interruption...

ARIOSTO. — (Agacé) Dites-moi !

PORTEUR DE BONBONNE 1. — (Au bord des larmes) Je vais vous le dire : mes enfants. Mes petites créatures préférées. Mon monde intérieur. Mon tout !!!!

ARIOSTO. — Et en quoi cela me concerne-t-il !

PORTEUR DE BONBONNE 1. — (Furieux) Vous, en rien, bien sûr. Vous... Qu'est-ce que ça peut vous importer ! Oh, mais à mes cinq petits sans défense qui sont là-dedans, dans la purulente Tombola Grande Sainte OHHH ! (Il s'enlace à sa bonbonne et essaie de passer la main par la bouche du récipient).

ARIOSTO. — Ah, il s'agit de ses enfants, de ses petites mascottes. Il ne semble pas être du genre à... (Il se retient de dire ce qu'il allait dire) Non, Orlando ? Je n'aurais jamais cru que de tels êtres pouvaient avoir des enfants.

ORLANDO. — Tout le monde peut être parent. Certains en ont même plus de deux, même plus de cinq. Tu vois Ariosto, il suffit de l'encourager à avoir plus d'enfants.

ARIOSTO. — C'est ça, imbécile : Vous pouvez avoir plus d'enfants.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Je ne veux plus d'enfants, Monsieur. Je veux mes cinq petits, mes cinq, mes cinq, mes cinq chérubins, Ohhhhhhh.

ARIOSTO. — (À Orlando) Je vais vomir. (Prétendument compatissant, au PORTEUR DE BONBONNE 1) Ne vous inquiétez pas, ils seront sûrement sauvés, car l'eau que nous leur jetons est à la température nécessaire.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Et les morceaux de verre ?

ARIOSTO. — Les verres ? (À Orlando) Nous n'avons pas jeté de morceaux de verre, n'est-ce pas.

ORLANDO. — Non, nous n'avons jeté que des verres entiers. Et l'eau est inoffensive, de plus elle est tiède. Nous l'avons préalablement chauffée dans nos bouches comme tout le monde le sait.

ARIOSTO. — C'est vrai, d'autre part, vos petits étaient au fond de la tombola, ou pas tant que ça. Je dois dire, pour votre consolation, que la tombola, aussi sainte soit-elle, est un fiasco, elle ne tourne pas ni rien. Elle ne tourne pas ! Elle n'a pas de prix ! À quoi bon !!!!!!

ORLANDO. — Oui, ne vous inquiétez pas. Elle ne tourne pas. Donc vos petits ne courent aucun danger, vous voyez ? De plus, s'ils avaient subi un quelconque dommage, nous les aurions déjà entendus. Et nous n'avons rien entendu, ni qu'ils pleurent ni rien.

ARIOSTO. — Oui, ne vous inquiétez pas. Je n'entends qu'un silence sépulcral. (Il regarde Orlando avec un geste complice).

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Mes enfants. Mes petits. Ayyyyyy.

ORLANDO. — ("Conciliant") D'une certaine manière, notre ami, Ariosto, a raison. Non seulement les petits seraient détruits, mais toutes les contributions des membres à la Grande Sainte Tombola. Imaginez combien de plats succulents et vertigineux il y a là-dedans ?

ARIOSTO. — En plus des mascottes, les petits. Oui, c'est vrai. Je ne crois pas que quoi que ce soit soit détruit. Même la CORDEAUDUSENSSTRICT a été incluse par l'un des membres les plus éminents de l'Enceinte. Ça, je le sais. 

PORTEUR DE BONBONNE 2. — (Se dégèle) Que dites-vous ! La CORDEAUDUSENSSTRICT est en danger ? Il y a des morceaux de verre, les verres cassés, vous savez, les cristaux, l'eau.

ARIOSTO. — Oui, elle pourrait être en danger, mais ne vous inquiétez pas, je ne crois pas. Au plus, elle sera un peu mouillée, ou un morceau de verre s'y emmêlera. Mais le sens strict sera toujours le sens strict, et la corde, la corde.

ORLANDO. — C'est ce que je dis.

PORTEUR DE BONBONNE 3. — (Se dégèle : aux autres PORTEURS DE BONBONNE) Savez-vous quel sera le destin de la Tombola Sacrée une fois détruite ?

PORTEUR DE BONBONNE 2. — Sera-t-elle détruite ?

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Détruite... !

ARIOSTO. — (Atroce) La tombola, la Grande Sainte Tombola, une fois détruite, sera... Elle sera gardée à la porte numéro 28.

ORLANDO. — Tu plaisantes ?, il n'y a que 23 portes.

ARIOSTO. — Le Disciple Caballón, à la mort du Génie Caballón, a décidé d'inaugurer 23 portes de plus, mais celles-ci seraient identifiées par des nombres irrationnels.

ORLANDO. — Mais le nombre vingt-huit est-il irrationnel ?

ARIOSTO. — Oui.

ORLANDO. — Je ne comprends rien.

ARIOSTO. — Ah, tu as raison, Orlando. C'est le monde dans lequel nous vivons. Ça n'a pas beaucoup de sens, n'est-ce pas, hehehehe... Je crois... Mais... Enfin... Notre Disciple Caballón approche : je vais devoir lui cracher au visage.

Entre le DISCIPLE CABALLÓN. Les trois PORTEURS DE BONBONNE se prosternent devant lui et se figent.

DISCIPLE CABALLÓN. — Pourquoi veux-tu me cracher dessus, Ariosto ?

ARIOSTO. — Ça ne vous regarde pas, et pour vous énerver encore plus : je ne négligerai pas ma salive de votre cavité rougeâtre.

DISCIPLE CABALLÓN. — Bon !... Je disais... Mes garçons, charmants ministres, chers sujets : je vais prononcer mon discours d'inauguration à l'occasion de la destruction de la grande sainte tombola.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — (Se dégèle) Avant, je veux dire que je ne suis pas d'accord.

PORTEUR DE BONBONNE 2. — Ni moi.

PORTEUR DE BONBONNE 3. — Moi.

DISCIPLE CABALLÓN. — Hé, hé. Bien sûr, bien sûr. Enfin. Étant 23 heures de ce magnifique Paradis de l'Enceinte, je me permets...

ORLANDO. — Je me permets de dire que je ne suis pas d'accord non plus ?

DISCIPLE CABALLÓN. — Bien sûr...  étant donné l'investiture que mon prédécesseur, mon Père, le Génie Caballón, m'a conférée le 23 d'Un autre temps... D'inaugurer...

TOUS. — Nonnnn !

ARIOSTO. — Je refuse !

DISCIPLE CABALLÓN. — Et pourtant c'est une idée superbe, décidément Verticale.

ORLANDO. — (Équanime) Pensez un instant. Si une fois détruite la Grande Sainte Tombola est renvoyée à la porte numéro vingt-huit... Peut-être enfermera-t-elle à vie cinq petits angoissés.

DISCIPLE CABALLÓN. — Oh, ils ne sont que cinq.

ARIOSTO. — Là-dessus, vous avez raison : ils ne sont que cinq.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — (Il pleure) Oh, malheureux ! (Il met la main dans la bouche de la bonbonne) Mes pauvres petits chérubins multicolores !

DISCIPLE CABALLÓN. — Ce sont des poissons ?

ARIOSTO. — On ne sait pas... Ce sont des petits, ce sont ses enfants. Ça, c'est sûr.

ORLANDO. — Les circonstances parlent d'elles-mêmes.

DISCIPLE CABALLÓN. — Il faudrait connaître l'avis des petits.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — (Piteusement) Ils sont sourds !!!

ARIOSTO. — (Évident) Mais ils pourront parler. (Au PORTEUR DE BONBONNE 1) Oui, ils peuvent parler ? Oui ? Non ?

ORLANDO. — Je proposerais une solution intermédiaire au litige.

ARIOSTO. — Oui, j'ai faim.

DISCIPLE CABALLÓN. — Cela impliquerait un nouveau décret. Je vais consulter mes ministres. (Il s'approche des ballons et commence à les "interroger"). Oui ou oui ?... Ah, je suis désolé... Et vous ?... (Pause, il "écoute" une autre des opinions de l'un de ses "ministres") Bon, ce n'est pas si grave... Et vous deux ?... Bien sûr. C'est ce que je pense. Bon, il semble que la solution intermédiaire ait été étudiée et approuvée.

TOUS. — Bravo ! Vive ! Bravo !

DISCIPLE CABALLÓN. — Je dicterai le Nouveau Décret : Étant les heures pertinentes au cas... et sachant que la décision exprimée sera la meilleure possible... (Il regarde tout le monde, à la fois effrayé et incertain.) ...Je dicterai le suivant...

ARIOSTO. — Oui, oui, allez-y, continuez, poursuivez... OU JE VOUS CRACHE DESSUS !

DISCIPLE CABALLÓN. — Je prononcerai... Le suivant...

TOUS. — (Exaspérés) Bon, ça suffit !

DISCIPLE CABALLÓN. — C'est une question de temps. Ce sont des affaires sérieuses...

ORLANDO. — C'est évident.

ARIOSTO. — Pas tant.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Il faut le laisser seul pour qu'il réfléchisse.

ORLANDO. — Ah, non. Il ne resterait pas seul. Il serait toujours près de tous les Ministres.

ARIOSTO. — Évidemment oui.

ORLANDO. — Alors, si tu le dis (Ampoulé) C'est nécessaire.

DISCIPLE CABALLÓN. — Il est nécessaire que vous vous taisiez.

ARIOSTO. — Si je le disais, il faut parler, avant de le contredire.

PORTEUR DE BONBONNE 3. — Quoi ?

DISCIPLE CABALLÓN. — (Très en colère) TAIS-VOUS TOUS ! (Long silence) ...Je disais : Étant ces heures d'aujourd'hui que je ne me souviens plus. Je prononcerai le décret suivant. DÉCRET QUE CHACUN FAISSE CE QU'IL VEUT.

ARIOSTO. — Ah, non, ça, vous ne pouvez pas me faire ça. Je n'ai pas à supporter tant d'injustice. D'ailleurs, je m'en vais. (Il fait deux pas) Mieux vaut que je reste. Mais il faut sauver les petits.

ORLANDO. — C'est ce que je dis, les sauver.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Il est trop tard.

ARIOSTO. — Oui, à ce stade, s'ils ne sont pas morts, du moins... ils agoniseront. Nous pouvons enquêter. Je vais jeter un autre verre d'eau dans la Tombola, pour voir s'ils réagissent. (Il verse le contenu de l'eau dans la tombola, mais sans le verre) Vous voyez, on n'entend rien. Ils sont morts.

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Eh bien, moi je vais jeter l'eau à l'endroit le plus indiqué (Il verse le contenu d'un verre sur le DISCIPLE CABALLÓN).

ARIOSTO. — Je suis d'accord (Il verse le contenu d'un autre verre sur le DISCIPLE).

TOUS. — (Ils l'arrosent) Nous sommes tous d'accord.

DISCIPLE CABALLÓN. — (Presque en pleurs ou en éternuant) Ministres, c'est humiliant. Je démissionne. Je m'enfermerai dans la porte 23 et même avec vos plaintes les plus hystériques vous ne réussirez pas à faire sortir mon beau corps (Très digne) Jusqu'à ce que mon tourment prenne fin, sincèrement, JE VOUS DÉTESTE ! (Il part en courant).

ARIOSTO. — Ah, ce n'était pas si grave. Il n'avait pas besoin de dramatiser.

ORLANDO. — Tu verras, il va revenir. Il le fait toujours... Et qu'est-ce qu'on fait maintenant. On sauve les petits ?

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Ils sont morts !

ARIOSTO. — Vous l'avez vérifié ?

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Non, vous m'aidez ?

ARIOSTO. — C'est votre affaire, vous ne croyez pas ?

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Oui, c'est vrai. (Aux autres PORTEURS DE BONBONNE) Vous m'aidez ?

PORTEUR DE BONBONNE 2. — Je ne sais pas.

PORTEUR DE BONBONNE 3. — Et si on se baignait avant ?

PORTEUR DE BONBONNE 2. — C'est la première idée sensée que j'entends. Moi d'abord... (Il verse le contenu de sa bonbonne sur la tête du PORTEUR DE BONBONNE 1)

PORTEUR DE BONBONNE 3. — Non, à qui était l'idée ? À moi, non ? Alors... Moi d'abord (À son tour, il verse le contenu de sa bonbonne [peut être des confettis] sur la tête du PORTEUR DE BONBONNE 1)

PORTEUR DE BONBONNE 1. — Ah, oui... Eh bien, moi aussi je peux être le premier (Il vide le contenu de sa bonbonne sur la tête des deux autres. Orlando et Ariosto s'éloignent subrepticement).

LES TROIS PORTEURS DE BONBONNE. — Eh, bravo. Toi le premier. Nonnn, moi le premier, non lui le premier, eh. Bravo !

ARIOSTO. — Mais quels odieux.

ORLANDO. — Oui. Tu crois que les petits vont s'en sortir ?

Les PORTEURS DE BONBONNE restent une fois de plus figés dans des positions très grotesques.

ARIOSTO. — (Il joue avec son écharpe) Ils seront sauvés, ils ne seront pas sauvés... C'est une affaire qui ne me préoccupe plus maintenant.

ORLANDO. — Non ?

ARIOSTO. — Ce que j'aimerais savoir maintenant, mon cher, mon très cher Orlando, puisqu'il n'y a aucun inconvénient à CELA...

ORLANDO. — (Troublé) Oui ?

ARIOSTO. — Pourrais-tu, c'est-à-dire, n'aurais-tu aucun inconvénient à me donner, c'est-à-dire, moi... (Décidé) Pourrais-tu me donner la recette des POIRES DIVERSES ?

NOIR

ON ENTEND UN AVION ATTERRIR




Fin



.

Análisis e Interpretación (Español)

Un Viaje al Corazón de lo Absurdo y el Anacronismo

"Orlando y Ariosto", es una farsa absurda brillante que coquetea con el teatro del sinsentido, la sátira social y una crítica velada a la autoridad. La elección de nombres como Orlando y Ariosto remite directamente a figuras literarias renacentistas, estableciendo de inmediato un contraste cómico y anacrónico con el mundo que los rodea. Este choque entre lo clásico y lo disparatado es una de las grandes fortalezas de la pieza.

Posibilidades Escénicas

El diseño escénico descrito en la obra es clave para potenciar su carácter absurdo:

 * Escenario casi vacío con luces azules y naranjas: Crea una atmósfera artificial, casi de laboratorio, que contrasta con la "grandeza" de los personajes y sus preocupaciones triviales. Las luces pueden acentuar la dicotomía entre la calma (azul) y la agitación/absurdo (naranja).

 * Enormes pinturas de cítricos en mitades: Refuerzan la estética surrealista y el despojo de significado. Los cítricos, usualmente asociados con la frescura y la vida, aquí son meros objetos estáticos y desproporcionados, sugiriendo una realidad distorsionada.

 * Las Famosas 23 Puertas: Un elemento misterioso y recurrente. Su majestuosidad contrasta con su aparente inutilidad o el uso ridículo que se les da (almacenar una tómbola rota). Visualmente, podrían ser muy impactantes, quizás con una iluminación que las haga parecer aún más imponentes o, por el contrario, falsas y de cartón.

 * Vestuario en colores vivos para todos, excepto Discípulo Caballón (neutro con coturnos): El vestuario vibrante subraya la excentricidad de los personajes, mientras que la neutralidad y los coturnos de Caballón lo elevan, dándole una autoridad impostada y ridícula, casi de divinidad burocrática. Los coturnos, zapatos altos usados en el teatro griego, refuerzan su pretensión de grandeza.

 * Coronas de laurel para los Garrafoneros: Un toque genial de ironía. Estas figuras "menores" y groseras, que se espera que sean los "obreros" de este universo, llevan el símbolo de la victoria y la gloria, resaltando aún más la inversión de valores y el caos.

 * El juego con la bufanda de Ariosto y la camiseta de Orlando: Elementos simples que permiten una gran expresividad física y un contrapunto a la verborrea de los diálogos.

La dirección de actores debe enfatizar la fisicalidad y la gestualidad exagerada, casi de clown, para potenciar el absurdo. Las pausas y los silencios son cruciales para el ritmo cómico. Los estallidos de cristal cada vez que se lanzan los vasos son un golpe de efecto sonoro fundamental que rompe la monotonía y refuerza la destrucción y el sinsentido. El ruido del avión despegando y aterrizando en momentos clave puede simbolizar la futilidad de los viajes o los cambios en este universo, o simplemente un elemento intrusivo y aleatorio que subraya la falta de lógica.

Posible Recepción o Reacción del Público

El público podría reaccionar de varias maneras, dependiendo de su familiaridad y apertura al teatro del absurdo:

 * Risas y desconcierto: La obra es intrínsecamente cómica debido a sus diálogos ilógicos, la trivialidad de los conflictos y la pomposidad de los personajes. Las repeticiones, las asociaciones de ideas disparatadas y las contradicciones generarán risas. Al mismo tiempo, la falta de una trama lineal y el sinsentido general podrían generar cierta perplejidad, lo cual es parte del encanto del teatro absurdo.

 * Identificación con la futilidad: Aunque en un nivel exagerado, la obra podría resonar con la sensación de futilidad, burocracia incomprensible y debates sin sentido que a veces se experimentan en la vida real. La "Gran Sagrada Tómbola" que no gira ni da premios es una metáfora poderosa de sistemas o promesas vacías.

 * Crítica social velada: El Discípulo Caballón y sus "Pelotas-Ministro" son una sátira evidente de la autoridad arbitraria, el liderazgo inepto y la obediencia ciega. El público podría reconocer en esto una crítica a la política, la religión o cualquier forma de poder irracional.

 * Participación y reflexión: El texto invita a una lectura activa. El público no solo ríe, sino que también intenta encontrar un sentido o disfrutar de la ausencia de él. El uso de frases como "Yo dar MIS CINCO PEQUEÑINES PREDILECTOS A LA TÓMBOLA" o la discusión sobre las "Peras Diversas" se quedarán en la memoria.


 

 * Profundización del sinsentido visual: Considera cómo los "Pelotas-Ministro" se mueven o "interactúan" con el Discípulo Caballón. ¿Podrían tener algún tipo de mecanismo que los haga parecer más "vivos" o ridículos?

 * El destino de los "pequeñines": El misterio sobre qué son exactamente los "pequeñines" del Garrafonero 1 es muy efectivo. Mantener esa ambigüedad es clave. La revelación de que son "sordos" añade otra capa de absurdo patético.

 * La cuerda del sentido estricto: La inclusión de la "SOGADELSENTIDOESTRICTO" es un toque meta-teatral interesante. Podría ser un objeto físico real que se muestre brevemente, o un concepto que solo exista en el diálogo, aumentando la abstracción.

 * Conclusión abierta: El final con Ariosto volviendo a las "Peras Diversas" es circular y refuerza el ciclo de futilidad. El aterrizaje del avión al final, después de los despegues, sugiere un regreso al punto de partida, a la monotonía absurda.

En resumen, "Orlando y Ariosto" es una obra audaz y divertida. Su éxito en escena dependerá de la capacidad del director y los actores para abrazar plenamente su excentricidad, su ritmo implacable y su ingeniosa crítica a través del humor. Es una propuesta que invita a la reflexión y, sobre todo, a una buena carcajada. ¡Felicidades!

Analyse et Interprétation (Français)

Un Voyage au Cœur de l'Absurde et de l'Anachronisme

"Orlando et Ariosto", est une farce absurde brillante qui flirte avec le théâtre de l'absurde, la satire sociale et une critique voilée de l'autorité. Le choix de noms comme Orlando et Ariosto renvoie directement à des figures littéraires de la Renaissance, établissant immédiatement un contraste comique et anachronique avec le monde qui les entoure. Ce choc entre le classique et le loufoque est l'une des grandes forces de la pièce.

Possibilités Scéniques

La conception scénique décrite dans la pièce est essentielle pour renforcer son caractère absurde :

 * Scène presque vide avec des lumières bleues et oranges : Cela crée une atmosphère artificielle, presque de laboratoire, qui contraste avec la "grandeur" des personnages et leurs préoccupations triviales. Les lumières peuvent accentuer la dichotomie entre le calme (bleu) et l'agitation/l'absurde (orange).

 * Énormes peintures d'agrumes coupés en deux : Elles renforcent l'esthétique surréaliste et le dépouillement de sens. Les agrumes, habituellement associés à la fraîcheur et à la vie, sont ici de simples objets statiques et disproportionnés, suggérant une réalité déformée.

 * Les Fameuses 23 Portes : Un élément mystérieux et récurrent. Leur majesté contraste avec leur apparente inutilité ou l'usage ridicule qui en est fait (stocker une tombola cassée). Visuellement, elles pourraient être très frappantes, peut-être avec un éclairage qui les rendrait encore plus imposantes ou, au contraire, fausses et en carton.

 * Costumes aux couleurs vives pour tous, sauf le Disciple Caballón (neutre avec des cothurnes) : Le costume vibrant souligne l'excentricité des personnages, tandis que la neutralité et les cothurnes de Caballón l'élèvent, lui conférant une autorité impostée et ridicule, presque celle d'une divinité bureaucratique. Les cothurnes, chaussures hautes utilisées dans le théâtre grec, renforcent sa prétention à la grandeur.

 * Couronnes de laurier pour les Garrafoneros : Une touche d'ironie géniale. Ces figures "mineures" et grossières, qui sont censées être les "ouvriers" de cet univers, portent le symbole de la victoire et de la gloire, accentuant encore plus l'inversion des valeurs et le chaos.

 * Le jeu avec l'écharpe d'Ariosto et le T-shirt d'Orlando : Des éléments simples qui permettent une grande expressivité physique et un contrepoint à la logorrhée des dialogues.

La direction d'acteurs doit insister sur la physicalité et la gestuelle exagérée, presque clownesque, pour renforcer l'absurde. Les pauses et les silences sont cruciaux pour le rythme comique. Les éclats de verre à chaque fois que les verres sont jetés sont un effet sonore fondamental qui rompt la monotonie et renforce la destruction et le non-sens. Le bruit de l'avion qui décolle et atterrit à des moments clés peut symboliser la futilité des voyages ou les changements dans cet univers, ou simplement un élément intrusif et aléatoire qui souligne le manque de logique.

Réception ou Réaction Possible du Public

Le public pourrait réagir de plusieurs manières, selon sa familiarité et son ouverture au théâtre de l'absurde :

 * Rires et perplexité : La pièce est intrinsèquement comique en raison de ses dialogues illogiques, de la trivialité des conflits et de la grandiloquence des personnages. Les répétitions, les associations d'idées farfelues et les contradictions généreront des rires. En même temps, l'absence de trame linéaire et le non-sens général pourraient générer une certaine perplexité, ce qui fait partie du charme du théâtre absurde.

 * Identification à la futilité : Bien qu'à un niveau exagéré, la pièce pourrait résonner avec le sentiment de futilité, de bureaucratie incompréhensible et de débats insensés que l'on rencontre parfois dans la vie réelle. La "Grande Sainte Tombola" qui ne tourne pas et ne donne pas de prix est une métaphore puissante de systèmes ou de promesses vides.

 * Critique sociale voilée : Le Disciple Caballón et ses "Ballons-Ministres" sont une satire évidente de l'autorité arbitraire, du leadership incompétent et de l'obéissance aveugle. Le public pourrait y reconnaître une critique de la politique, de la religion ou de toute forme de pouvoir irrationnel.

 * Participation et réflexion : Le texte invite à une lecture active. Le public ne fait pas que rire, il essaie aussi de trouver un sens ou de savourer son absence. L'utilisation de phrases comme "Moi, donner MES CINQ PETITS PRÉFÉRÉS À LA TOMBOLA" ou la discussion sur les "Poires Diverses" resteront dans les mémoires.

Critiques et Suggestions Constructives


 * Approfondissement du non-sens visuel : Considérez comment les "Ballons-Ministres" se déplacent ou "interagissent" avec le Disciple Caballón. Pourraient-ils avoir une sorte de mécanisme qui les rendrait plus "vivants" ou ridicules ?

 * Le destin des "petits" : Le mystère autour de ce que sont exactement les "petits" du Porteur de Bonbonne 1 est très efficace. Maintenir cette ambiguïté est essentiel. La révélation qu'ils sont "sourds" ajoute une autre couche d'absurde pathétique.

 * La corde du sens strict : L'inclusion de la "CORDEAUDUSENSSTRICT" est une touche méta-théâtrale intéressante. Il pourrait s'agir d'un objet physique réel brièvement montré, ou d'un concept qui n'existe que dans le dialogue, augmentant l'abstraction.

 * Conclusion ouverte : La fin avec Ariosto revenant aux "Poires Diverses" est circulaire et renforce le cycle de la futilité. L'atterrissage de l'avion à la fin, après les décollages, suggère un retour au point de départ, à la monotonie absurde.

En résumé, "Orlando et Ariosto" est une œuvre audacieuse et amusante. Son succès sur scène dépendra de la capacité du metteur en scène et des acteurs à embrasser pleinement son excentricité, son rythme implacable et sa critique ingénieuse à travers l'humour. C'est une proposition qui invite à la réflexion et, surtout, à un bon éclat de rire. Félicitations !


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